De Gaulle et Churchill, la mésentente cordiale

série: 2nd WW hommes de guerre
éditeur: Perrin
auteur: Kersaudy François
classement: biblio713A
année: 2003
format: poche
état: TBE/N
valeur: 8 €
critère: ***
remarques: avant-propos
- Churchill, né en 1874 devient
premier Lord de l'Amirauté en 1911,
c'est un bon acteur et un bon écrivain,
il est surtout énergique, il créera l'aviation navale
et s'engage aussi pour former des corps blindés,
mais en 1915 il échoue à l'offensive
des Dardanelles et doit démissionner,
il devient alors commandant des Grenadier Guards
sur le front de France, Churchill est fasciné
par la guerre et par la suite sous Lloyd Georges,
il devient ministre de l'armement, de la guerre et de l'air,
puis ministre des colonies et chancelier de l'Echiquier,
il démissionne à nouveau et critique
le gouvernement pacifiste de Chamberlain,
il dénonce la faiblesse et les incuries (négligences)
du gouvernement en place, malgré tout,
ses adversaires l'estiment et le gardent en réserve,
- en 1939 Churchill est âgé de 65 ans, il deviendra
premier ministre; peu après, semblable à Churchill,

- de Gaulle, né en 1890, fait son entrée sur la scène
politique en 1913, il sert alors sous Pétain
durant la première guerre mondiale
il se couvre de gloire mais est fait prisonnier
jusqu'à la fin de la guerre;
en 1924, il entre au conseil supérieur de l'armée,
en 1934 il écrit son livre "vers l'armée de métier"
dans lequel il prône déjà une stratégie offensive
avec des divisions blindées,
il bénéficie du soutien de Paul Raynaud, mais
ses rapports avec Pétain (78 ans) se sont détériorés

nomenclature
- rétivité = caractère d'une personne rétive
= qui s'arrête, qui refuse d'avancer
- résipiscence = reconnaissance d'une faute
et volonté de correction.


1/ francophilie et anglophobie
- Churchill admire la France et Napoléon ainsi que
le général Foch et le président Clémenceau dit le tigre,
Churchill veut une alliance durable avec la France,
il croit à la supériorité de l'armée française,
son utilisation de la langue française reste toutefois rudimentaire
De Gaulle lui n'est pas spécialement anglophile (la perfide Albion),
il connait peu l'Angleterre et parle peu l'anglais,
il croit surtout à la grandeur de la France;
il a le même sentiment envers les USA qu'envers l'Angleterre
et la plupart des officiers français ne sont pas anglophiles,
contrairement à Churchill, De Gaulle ne se fait aucune illusion
quant à l'armée anglaise

2/ tempête
- en 1939, Churchill devient à nouveau
premier Lord de l'Amirauté et en mai 1940,
Chamberlain démissionne, il est remplacé par Churchill
>> p. 43 selon le général Gamelin, il n'y a
plus de masse de manoeuvre (réserves)

3/ naufrage
- l'opération Dunkerque a réussi mais c'est le début de la fin,
Reynaud nomme De Gaulle secrétaire à la Défense
et l'envoie à Londres, De Gaulle n'y obtient pas grand chose
mais il fait la connaissance de Churchill
et reste impressionné par le caractère lutteur de Churchill
>> p. 66 selon Kersaudy, l'homme du destin
et selon Benoist-Méchin le connétable

- durant la campagne de France, Churchill depuis le 10 mai
se rendra 5x en France (dont Paris, Briare et Tours),
Churchill compatit à la situation en France
mais demande à Reynaud de continuer la lutte et de
contacter Roosevelt pour obtenir le soutien de l'Amérique
qui est devenu maintenant la pièce maîtresse du conflit
>> p. 67 la question de l'armistice séparé
et le double-sens de "I understand" prononcé par Churchill
>> p. 69 le projet d'union franco-anglais et la menaxe
que la flotte française tombe aux mains des allemands

- deuxième visite de De Gaulle à Churchill
qui bien que préoccupé était en pleine forme
et goûtait presque l'aspect dramatique de la situation,
mais lors du retour de De Gaulle à Bordeaux, Reynaud a déjà
démissionné et Pétain forme le nouveau gouvernement

- le 17.6. au matin De Gaulle quitte la France, il était
devenu un naufragé de la désolation
sur les rivages de l'Angleterre

4/ la croix de Lorraine
- 18.6.1940 Pétain a capitulé et De Gaulle à 49 ans
lance son premier appel sur la BBC,
il se heurtera toutefois à de nombreuses difficultées
avec les anglais (dont surtout le War Office)
et avec les français indignés par l'attaque
sur Mers-el-Kébir le 3.7.40

- De Gaulle a été condamné à mort par Vichy, mais néanmoins
à fin août, la France Libre comptera déjà 7000 combattants
avec de nombreux officiers tel le capitaine Koenig et Passy,
celui-ci organisera le service de renseignement pour De Gaulle,
Churchill soutient la constitution du Comité National français
en exil dirigé par De Gaulle depuis l'empire, mais De Gaulle
n'a pas pu encore réunir une personnalité importante à ses côtés
>> p. 84 l'affaire du navire "Massilia"

- la flotte française reste le problème no 1 pour Churchill,
Vichy romp avec l'Angleterre, mais comme celle-ci
considère De Gaulle comme la vraie France,
l'alliance demeure et De Gaulle reçoit l'admiration du peuple anglais,
à ce moment la liaison Churchill-De Gaulle connait sa lune de miel,
Churchill soutient De Gaulle de toutes ses forces
malgré la réticence de ses généraux
>> p. 91 l'accord De Gaulle-Churchill est signé le 7.8.1940
>> p. 93 l'opération "Scipion" = ralliement du Tchad,
du Congo et du Cameroun avec raid sur Dakar

>> p. 94 opération Menace contre Dakar,
mais échec à Dakar en septembre 1940
(l'opération avait été toutefois proposée par Churchill),
les préparations de l'offensive ont été effectuées à la légère,
un peu à l'improviste et l'arrivée inopinée
de 7 croiseurs
français de Vichy à Dakar avant le début de l'opération
(qui avaient échappé à la surveillance
de la flotte anglaise de Gibraltar)
décide Churchill d'abandonner le raid mais De Gaulle insiste,
l'opération continue et échoue, De Gaulle en sera très affecté,
les médias critiquent fortement l'évènement
et surtout Roosevelt aura une piètre opinion de De Gaulle,
mais Churchill continue de soutenir De Gaulle

5/ alliance
- bien que fidèle à De Gaulle, Churchill cherche
une personnalité française plus importante
pour représenter la France Libre et via Madrid, les anglais
continuent d'entretenir des relations officieuses avec Vichy
>> p. 110 le discours de Churchill à la BBC
adressé au peuple français le 21.10.1940
>> p. 113 le jeu compliqué de Pétain entre l'Angleterre
et l'Allemagne, l'initiative de Rougier,
De Gaulle n'en sera pas informé de suite
et en prend quelque peu ombrage
>> p. 117 le manifeste de Brazzaville
qui s'adresse directement à Roosevelt
sans en informer auparavant les anglais;
Anthony Eden est nommé ministre des affaires
étrangères à la place de Lord Halifax
(par la suite Eden soutiendra souvent De Gaulle)
>> p. 126 l'incident du Levant, Darlan un antibritannique notoire
l'Amérique devient l'arsenal des démocraties
avec la loi "lease-lend bill"
>> p. 135 révolte en Irak mai 1941

- le 8.6. la campagne de Syrie commence
et personne ne pouvait alors prévoir que cela
envenimerait les relations franco-britanniques
au plus haut point (politique pro-arabe
des britanniques que De Gaulle n'approuve pas)
>> p. 136 De Gaulle répond à Churchill par télégramme,
ce sera la première et dernière fois qu'il écrit en anglais

6/ premier affrontement
- l'armistice est déclaré en Syrie le 10.7.1941
mais ce seront les britanniques qui s'imposent
et gardent la haute-main sur le Levant
en prenant le commandement en Syrie et au Liban,
De Gaulle n'accepte pas l'accord de St-Jean-d'Acre
entre Vichy et les britanniques et suite à cette affaire,
le général Spears, jusqu'alors compagnon de De Gaulle,
commence à se détacher du général
>> p. 147 les bévues de l'administration britannique au Levant
>> p. 150 le problème de l'indépendance de la Syrie et du Liban
promis par les britanniques mais pas accepté par De Gaulle
(les arabes étaient plus importants que
la France Libre pour les britanniques)
et Vichy est toujours utilisé comme échiquier
en même temps par l'Allemagne et par l'Angleterre

- Churchill se demande si De Gaulle est un
homme militaire ou un homme politique
(les deux dirait le général),
>> p. 152 les méthodes gaulliennes de guerre psychologique
contre les anglais sera à l'origine de nombreuses
grandes querelles entre Churchill et De Gaulle
et suite aux critiques de De Gaulle
(notamment dans son interview de Brazzaville),
son estime aurpès de Churchill se dégrade sensiblement

- en août 41, Churchill gèle ses relations avec la France
Libre de De Gaulle lors du retour de celui-ci à Londres;
selon Churchill "De Gaulle devra cuire
dans son jus durant au moins une semaine"
12.9.1941 entrevue Churchill/De Gaulle à Downing Street
>> p. 160-164 résumé de l'entrevue, la discussion
se termina avec amabilité et avec une compréhension mutuelle
mais l'orage restait malgré tout menaçant

7/ les "soi-disant français libres"
- Churchill conseille à De Gaulle de former un conseil national
qui assurerait la position de la France Libre,
mais pour Churchill ce conseil servirait surtout
à diluer l'autorité du général et un concurrent
à De Gaulle apparait en la personne de l'amiral Muselier
- il y a toutefois maintenant menace de sécession au sein
de la France Libre ce que Churchill ne veut pas non plus;
De Gaulle forme alors à sa façon son conseil
et en exclut Muselier, mais sous la pression de Churchill,
il accepte d'y réintégrer Muselier,
toutefois la majorité du conseil est
constitué d'hommes fidèles à De Gaulle,
De Gaulle en garde donc le contrôle et l'autorité
ce qui ne change pas grand chose avec la position d'avant
et on pourra dire que Churchill a été floué!
>> p. 172 l'affaire St-Pierre-et-Miquelon

- décembre 41, Churchill est d'abord d'accord
avec l'action de De Gaulle contrairement à Roosevelt,
mais ce sera surtout le secrétaire d'état Cordell Hull
(affaires étrangères) qui ne l'accepte pas;
De Gaulle et ses "soi-disant français libres" passent outre
et le ralliement est effectué avec
l'assentiment de 90% des habitants des îles,
en outre l'opinion publique américaine et anglaise
sont en faveur de l'action de De Gaulle
ainsi que Churchill, toutefois Cordell Hull
insiste sur le retrait des forces françaises,
refus de De Gaulle et contre-proposition de sa part,
on trouvera finalement un compromis, mais
Churchill influençé par Roosevelt aura l'occasion à l'avenir
d'échanger de nombreuses passes d'armes avec De Gaulle
>> p. 185 la troisième et dernière affaire Muselier
qui ne contente pas vraiment De Gaulle

8/ perfide Albion
- en France, la résistance commence à s'organiser
avec la croix de Lorraine comme symbole,
Jean Moulin est chargé par De Gaulle
de structurer les différents mouvements
et de son côté De Gaulle fait rallier l'une après l'autre
les colonies à la France Libre

- toutefois, De Gaulle a maintenant deux guerres sur les bras
a) contre Vichy et l'Allemagne
b) contre les dirigeants britanniques et américains
(amirauté, war office, colonial office, intelligence service, etc)
et les heurts deviennent de plus en plus fréquents
entre De Gaulle et Churchill,
prochain objet de controverse: l'occupation de Madagascar
en mai 1942 (opération Ironclad)
qui exclue les forces de la France Libre,
De Gaulle proteste surtout à cause
du compromis entre Vichy et les anglais et à présent
Churchill ne veut plus que De Gaulle quitte l'Angleterre
de peur qu'il sème le désordre outre-mer,
De Gaulle menace de s'exiler en URSS

- le 17.6.1942 nouvelle entrevue De Gaulle/Churchill
qui félicite De Gaulle pour l'action
des forces françaises libres à Bir Hakeim, mais
De Gaulle critique à nouveau avec raison cette fois
l'attitude de la Grande-Bretagne envers la France Libre
et prétend que Churchill est à la traine de Roosevelt
>> p. 197 le général Catroux ira même
jusqu'à traiter De Gaulle de vaniteux, toutefois
l'entretien se termine à la satisfaction mutuelle

- Eden soutient maintenant De Gaulle
qui est autorisé à se rendre en Afrique
et pour De Gaulle l'indépendance de la Syrie et du Liban
doit être reportée pour la fin de la guerre
>> p. 199 les races et religions du Levant

- Spears est nommé ministre au Levant
pour les affaires britanniques
mais il est devenu maintenant un adversaire de De Gaulle
et le chaudron du Levant continuera à disturber
longtemps les relations franco-britanniques

- août 1942 rencontre De Gaulle/Churchill au Caire,
en octobre 1942 préparation de l'opération Torch,
Churchill veut que De Gaulle soit à Londres
pour l'empêcher de provoquer des troubles
en Afrique du Nord lors de l'opération;
nouvelle entrevue Churchill/De Gaulle à Londres,
cette fois plutôt orageuse, aucun accord
ne peut être conclu sur le Levant
>> p. 213 la différence entre "France"
et "France combattante" selon Churchill;
Churchill ordonne dès lors de censurer
les communications depuis Londres de la France Libre
alors que le comité national confirme son soutien
à De Gaulle qui menace de démissionner, une rupture
entre Londres et la France Libre pourrait être envisagée
>> p. 217 Churchill explose "De Gaulle est arrogant,
égoïste et se considère comme le centre de l'univers
mais c'est effectivement un grand homme"

9/ l'expédient provisoire
- le caractère soupconneux de De Gaulle
et le caractère combattif de Churchill
= confrontation au plus haut niveau

- les entrevues se succèdent en partie amicales,
en partie orageuses, deux épines douteuses:
les relations de la Grande-Bretagne
avec Vichy et l'affaire du Levant
mais surtout l'opération Torch
sur laquelle De Gaulle n'a pas été officiellement informé,
déclanche un nouveau problème d'entente
et à Washington De Gaulle est mal représenté
auprès de Roosevelt qui dirige l'opération Torch
n.b. Churchill aurait voulu informer De Gaulle à l'avance
mais Roosevelt avait refusé

- conseillé par Murphy, Roosevelt pour cette opération
compte surtout sur le général Giraud (nom de code King Pin)
Eisenhower est le chef militaire pour Torch qui
>> p. 224 se déroule plutôt bien
malgré une forte opposition et des problèmes
avec Darlan (qui se trouve en Algérie) et avec Giraud
(qui aurait aimé être le chef militaire de l'opération)

- le 8.11.1942 entrevue De Gaulle/Churchill,
De Gaulle reste calme mais anticipe une réaction allemande
et refuse d'accepter un accord avec Darlan,
le même jour De Gaulle s'adresse aux français à la BBC
>> p. 227 le message de De Gaulle

- l'accord entre Darlan et Eisenhower change la donne,
Churchill est plutôt ennuyé par cet accord
et De Gaulle reproche de nouveau à Churchill
d'être à la remorque des américains,
Roosevelt pour apaiser le jeu avise
que cet accord n'est fait que provisoirement
>> p. 233 les réflexions de Roosevelt sur le diable:
"on peut marcher avec le diable jusqu'au pont
mais après il faut le laisser derrière"
et l'expédient provisoire menace de s'éterniser,
Eden prend dès lors position en faveur de De Gaulle
>> p. 235 la déclaration de Churchill
sur Vichy et sur De Gaulle

- l'opinion publique accorde néanmoins de plus en plus
son soutien pour le brave soldat De Gaulle,
coup de théâtre: le 24.12.42 Darlan est assassiné

10/ mariage forcé
- Roosevelt prend alors parti pour Giraud, Churchill le suit,
De Gaulle demande à rencontrer Giraud, mais
celui-ci ne répond pas à l'invitation de De Gaulle,
De Gaulle proteste et à nouveau l'opinion publique l'approuve,
il est qualifé de "gallant fighting French",
Roosevelt doit lâcher du lest et autorise
une entrevue directe entre Giraud et De Gaulle,

- conférence de Casablanca janvier 1943,
un mariage forcé (shotgun wedding) est arrangé par Roosevelt
entre le marié (Giraud) et la mariée (De Gaulle),
De Gaulle menace toutefois de ne pas se rendre à la conférence
car pour lui, qui a le soutien de la France Combattante,
Giraud doit lui être subordonné,
Churchill est mortifié par l'attitude de De Gaulle,
il veut le mettre complètement à l'écart si il ne vient pas au Maroc,
le Comité National conseille à De Gaulle de se rendre à Anfa,
De Gaulle cède et accepte de partir mais au Maroc
De Gaulle a l'impression d'être l'otage des américains,
entretien glacial avec Churchill
>> p. 257 "si vous m'obstaclerez, je vous liquiderai" dixit Churchill,
dans la soirée, rencontre amicale de De Gaulle
pour la première fois avec Roosevelt, mais sa dernière
entrevue avec Churchill sera la plus âpre de la guerre,
néanmoins lors de sa dernière entrevue avec Roosevelt,
De Gaulle acceptera la proposition du président
et donnera une poignée de main à Giraud devant les actualités
toutefois pour Churchill, c'est un affront
que vient de lui faire De Gaulle,
il l'admire toujours et le déteste en même temps
>> p. 265 l'allusion à Jeanne d'Arc et à Clémenceau

11/ les chemins de l'unité
- début 1943, les alliés ont pris l'initiative dans la guerre,
mais pour De Gaulle la victoire est encore lointaine,
il ne veut plus de Giraud et il a l'opinion publique et la résistance derrière lui;
depuis Anfa, il n'a plus rencontré Churchill et un froid entre eux subsiste,
Churchill se comporte comme un père déraisonnable envers un fils dévoyé
>> p. 274 les vues de Roosevelt sur l'Europe de l'après-guerre
dont le projet d'un état de Wallonie
(une partie de la France, Belgique et Luxembourg!),
De Gaulle attend maintenant une invitation de Washington,
entretemps il discute ferme avec Giraud pour que l'unité puisse se faire,
entrevue avec Churchill en mars 1943
>> p. 279 l'affaire du faux message qui aurait été envoyé par Eisenhower
demandant à De Gaulle de ne pas se rendre actuellement en Algérie
jusqu'à la fin des hostilités en Tunisie

- d'autre part, la position de Giraud décline de jour en jour,
finalement fin avril De Gaulle peut se rendre à Alger
et Churchill se rend à Washington
où la question De Gaulle a pris un tour plus grave
>> p. 286 le télégramme de Churchill depuis Washington
adressé au cabinet britannique qui dénigre
De Gaulle pour le mettre hors course,
De Gaulle est sérieusement menacé mais à la surprise de Churchill,
le cabinet britannique refuse de désavouer De Gaulle
qui a entretemps arrangé un accord avec Giraud
et le nom de De Gaulle est maintenant déjà considéré
comme le symbole de la République Française

12/ reconnaissance
- 30.5.1943 De Gaulle arrive à Alger, l'accueil est chaleureux,
mais les discussions avec Giraud difficiles,
finalement l'unité est réalisée;
Churchill décide dès lors de n'entretenir des relations
qu'avec le Comité National et non plus directement avec De Gaulle,
reste à reconnaître officiellement le Comité dont les membres
passent à 14 personnes, en majorité des gaullistes
>> p. 298 le document non signé envoyé à la presse
(probablement par Churchill)

- Roosevelt n'est pas content et le fait savoir à Churchill,
Roosevelt veut rompre avec De Gaulle
et ce sera un nouvel échec pour lui,
car le cabinet britannique prend la défense de De Gaulle
entretemps ni Roosevelt ni Churchill ne veulent
reconnaître officiellement le Comité (CN) contrairement
à Eden soutenu par le cabinet britannique et par Eisenhower;
en outre le Canada, l'Afrique du Sud et l'Australie
sont pour la reconnaissance du Comité qui prend maintenant
le titre de CFLN = Comité Français de la Libération Nationale

- cette question est débattue à Québec lors de la conférence Quadrant
et la reconnaissance se fera par la Grande-Bretagne
sans l'acceptation par les USA et
finalement Roosevelt finira par accepter cette reconnaissance,
toutefois sous condition (= provisoire)
alors que l'URSS l'accepte sans condition

- quant à Giraud, sa position devient de plus en plus précaire,
Roosevelt ne trouve personne d'autre pour le remplacer
et suite à l'affaire de Corse, Giraud est écarté du CFLN;
crise avec Churchill suite à des élections soit-disantes
trafiquées par les gaullistes au Levant

13/ AMGOT ou GPRF?
- fin décembre 43, la position de De Gaulle s'est encore renforcée,
mais à la conférence de Téhéran, une rupture
avec De Gaulle est à nouveau envisagée,
nouveau problème avec les arrestations de Boisson,
de Peyrouton et de Flandin par le CFLN,
ce qui déclanche la colère de Churchill et de Roosevelt
qui doivent tous deux à nouveau céder à De Gaulle;
toutefois nouvel affront pour De Gaulle qui n'a pas été invité
ni à la conférence de Téhéran ni à la signature de l'armistice avec l'Italie
et De Gaulle décline l'invitation de Churchill pour le dîner de Noël 1943/44

- finalement De Gaulle, installé maintenant en Algérie
acceptera une entrevue avec Churchill au Maroc
on y mentionne le problème de l'administration
dans les territoires de la France libérée, AMGOT ou GPRF?
AMGOT = allied military government in occupied territories
GPRF = gouvernement provisoire de la République Française
>> p. 334 l'affaire des sixty days marvels

- Churchill conseille à Roosevelt de rencontrer De Gaulle aux USA
mais cette visite n'aboutira pas avant le débarquement
dont la date exacte ne sera pas communiquée à De Gaulle
en mai 44, De Gaulle est invité à Londres pour discuter
les arrangements lors de la libération de la France
et aussi pour retenir le général en Grande-Bretagne jusqu'au jour J,
De Gaulle accepte de venir sous la condition
que les USA participent aussi à cette réunion
et à cette occasion le CFLN prend le titre de GPRF
l'opinion publique demande maintenant la reconnaissance
et un accord définitif avec le GPRF
mais De Gaulle ne s'occupe plus dès lors
de l'avis de la Grande-Bretagne et des USA sur cette question
en plus de Overlord, une autre bataille allait se livrer à Londres

14/ la nuit la plus longue
- De Gaulle arrive à Londres le 4.6.44
et est conduit immédiatement au QG d'Eisenhower
>> p. 354 l'entrevue dans le train spécial de Churchill,
De Gaulle accepte de faire une déclaration à la BBC,
Churchill propose aussi à De Gaulle de se rendre aux USA,
la réponse du général "après la bataille, on verra"
discussions avec Eisenhower très courtoises,
mais De Gaulle n'apprécie pas que Eisenhower
s'adresse directement au peuple français avant lui
et lui reproche de vouloir prendre en charge le pays français,
de plus Eisenhower ne mentionne pas De Gaulle dans sa déclaration
De Gaulle veut alors modifier l'allocution d'Eisenhower
mais on lui répond qu'il est trop tard pour changer quoique ce soit,
alors De Gaulle prétend que la France ne sera pas libérée
mais occupée par les alliés,
pour lui et son gouvernement, c'est un nouvel affront,
il refuse de parler à la BBC mais finalement sous l'intuition d'Eden,
il y fera une allocution remarquable
malgré quelque petite censure effectuée par Churchill et De Gaulle
acceptera aussi de se rendre à Washington sans plus attendre
>> p. 366 les efforts d'Eden pour concilier les deux adversaires
>> p. 367 l'affaire des faux-billets alliés

- visite de Churchill au front le 12.6,
De Gaulle n'est autorisé que de visiter brièvement Bayeux,
première commune française libérée,
Churchill veut tenir De Gaulle en laisse!
mais l'accueil pour De Gaulle en France est très chaleureux,
l'opinion publique prend à nouveau position pour De Gaulle
et même le cabinet britannique veut maintenant
régulariser officiellement sa position
>> p. 371 la visite de De Gaulle à Bayeux est un immense succès
et prend les alliés complètement par surprise
>> p. 374 la lettre de remerciement de De Gaulle
à l'Angleterre et à Churchill

15/ Libération
>> p. 376 la curieuse forme d'invitation à De Gaulle par Roosevelt
- le 26.6.44 De Gaulle part pour l'Amérique,
c'est le triomphe surtout au Canada et les USA
reconnaissent le CFLN comme gouvernement provisoire français,
Churchill de son côté veut que la France reprenne sa place
parmi les alliés comme 4ème puissance, toutefois
De Gaulle refuse de rencontrer à Alger Churchill
après la conférence de Téhéran où De Gaulle n'avait pas été invité
(idem pour Roosevelt qui surnomme alors De Gaulle de "donna bella")

- le 25.8. entrée de De Gaulle à Paris,
De Gaulle demande à pouvoir équiper 10 divisions françaises
afin de participer à la campagne d'Allemagne;

- visite de Churchill à Paris en novembre 44,
Churchill est très impressionné par l'accueil qui lui est réservé;
les zones d'occupation en Allemagne ainsi que l'avenir de la Pologne
et des colonies dont l'Indochine françaises sont discutées
>> p. 403 le discours de Churchill aux parisiens
"prenez garde, je vais essayer de parler français"

16/ un ennemi mortel de l'Angleterre
- Churchill a encore d'autres problèmes:
la Grèce menacée par le communisme
et il doit soutenir la position française
vis-à-vis de Roosevelt et de Staline
qui n'a pas vraiment une grande considération pour De Gaulle
autre problème: Strasbourg que Eisenhower aimerait évacuer
suite à l'offensive allemande dans les Ardennes,
il y renoncera suite à une intervention énergique de De Gaulle,
De Gaulle ne reçoit toujours pas l'équipement nécessaire
pour ses divisions et il y a pire: il n'est pas invité à Yalta
et ce sera à Churchill de défendre les intérêts de la France
Roosevelt et Staline ne veulent pas la France
dans la commission de contrôle ni comme 4ème puissance mondiale
mais finalement ils cèderont aux arguments de Churchill
qui n'a plus la même attitude qu'auparavant envers De Gaulle

- Roosevelt décédé, c'est Truman qui lui succède
et qui continue la même politique de Roosevelt envers la France;

- nouveaux troubles au Levant contre l'armée d'occupation française
soi-disant fomentés par les britanniques,
De Gaulle est furieux et traite à nouveau Churchill de perfide
(n.b. mais l'auteur lui-même avoue
que les évènements au Levant n'étaient pas très clairs)
et l'antagonisme entre les deux hommes persistera
même après la guerre (surtout à cause
du Levant et concernant les zones d'occupation françaises
en Italie près de Nice)

- à nouveau De Gaulle n'est pas invité à Potsdam, nouvel affront,
mais le 25.7.1945 Churchill n'est pas réélu
ce qui n'étonne guère De Gaulle,
toutefois en novembre 45, De Gaulle reçoit
à nouveau Churchill majestueusement à Paris

17/ entente cordiale
- en janvier 46, c'est De Gaulle qui démissionne,
il attendra sa nouvelle heure durant 12 ans et aura formé
entretemps le RPF (rassemblement du peuple français)
Churchill redevient premier ministre de 1951 à 1955
et De Gaulle de 1958 à 1968,
il sera reçu à Londres en 1960

- Churchill, un grand artiste dira De Gaulle;
De Gaulle, un grand homme dira Churchill,
en tout cas deux géants de l'histoire
>> p. 458 pour les britanniques, De Gaulle sera l'homme
d'état qui savait dire non et ne s'en privait pas


>> à nouveau un très bon récit de Kersaudy qui recoupe
toutefois le récit du même genre De Gaulle et Roosevelt:
"le duel au sommet" (2006)

annexes
- couverture du livre
- portraits de De Gaulle, Churchill,
Pétain et Roosevelt
- portraits des généraux Gamelin,
Weygand et Giraud
- le pacte à quatre
- Paul Reynaud et le général Georges



Information

1/ Vansittart committee
previously unpublished documents held at the
Churchill Archives Centre in Cambridge shed new light
on the birth of Free France,
- the file contains reports and eye-witness accounts
of a nonofficial committee of advisers close to Churchill
that met between June 21 and July 3, 1940:
among them were Desmond Morton, the Prime Minister’s
personal assistant for Intelligence,
Robert Vansittart of the Foreign Office and
Edward Louis Spears, Jean Monnet was the only Frenchman
to have participated, the document highlights efforts
to prevent the formation of a French government
in exile and to maintain contact with those French nationals
who had stayed at their posts, premising a dual policy
that could almost be termed “Vichy Gaullist”

2/ Charles-Victor-André, dit André Laffargue, (1892-1994)
est un général français, journaliste et écrivain
- au procès de Pétain, le général Laffargue,
en uniforme de l'armée "Rhin et Danube",
témoigne en sa faveur, ce qui lui vaut d'être mis
dès le lendemain en disponibilité, puis il est réintégré
et il termine sa carrière militaire en 1951


3/ Alphonse-Joseph Georges (1875-1951) est
est un général français du XXème siècle
ayant combattu lors des deux guerres mondiales.
- à la mobilisation 39/40, il devient adjoint
du général Gamelin pour le front du Nord-Est
puis en décembre, commandant en chef du front du Nord-Est

- en 1943, Churchill, qui tient Alphonse Georges
en haute estime, organise son évasion de France
afin qu’il puisse travailler de concert avec les généraux
de Gaulle et Giraud en Algérie, à partir du 7 juin 1943,
Georges participe activement au Comité français
de la Libération nationale jusqu'en novembre,
mais ne parvient pas à imposer son point de vue
face aux gaullistes, Georges se retire alors définitivement
de toute activité politique ou militaire, de retour à Paris
il apporte son témoignage, notamment au procès
du maréchal Pétain et à l’instruction qui vise le général Weygand

4/ Cordell Hull (1871-1955) est un homme politique
et diplomate américain, membre du Parti démocrate,
secrétaire d'État des États-Unis entre 1933 et 1944
dans l'administration du président Franklin Delano Roosevelt
- le 30 novembre 1944, il démissionne de son poste
de secrétaire d'État en raison de problèmes de santé
- selon l'historien François Kersaudy, Cordell Hull
est l'un des membres de l'administration Roosevelt
ayant le plus poussé le président à troubler le jeu politique
de la France libre, de manière à nuire au leadership
du général de Gaulle, qu'il détestait,
comme l'illustre l'épisode du ralliement de
Saint-Pierre-et-Miquelon à la France libre

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