les divagations de Monsieur Sait-tout

série: Monsieur Sait-tout
dessinateur / scénariste: Martial+Goscinny
éditeur: Dargaud EO 1974
genre: Humour
classement: biblio207
date: 1974
format: cartonné
état: TBE
valeur: 30 €
critère: **
remarques: un album 1er trimestre 1974, 62 pages avec 9 épisodes d'histoires charmantes

1) la rentrée des classes (Charlemagne)
tout empirait dans l'Empire d'où création des écoles, la récréation,
les carnets scolaires, les épreuves, les punitions,
les examens, la distribution des prix, etc
les noms qui finissent en x (bijou, caillou, genou, hibou, joujou, pou)
qui proviendraient d'une liste des objets confisqués en classe

2) le tricot de l'empereur (les nouilles)
Chine, Tchao-Tchao le cuisinier de l'empereur invente pour remplacer le riz
le plat de nouilles qu'on mange en tricotant avec des baguettes

3) Robinet des bois
le jeune Gontran de Ragout surnommé le robinet des bois
qui essaie d'égaler le véritable Robin des bois

4) Eskif le frêle (l'importance du thé)
les invasions des vikings menés par Grolar l'excité
qui s'en prennent aux soldats anglais du baron de Pomfryth,
Grolar, fait prisonnier, sera délivré par Eskif le frêle
et tous les deux fileront à l'anglaise
>> p. 21 le phlegme anglais

5) entracte (une histoire d'esquimaux)
la famille Granduk: Perruk, Mameluk, Volapuk et Petitruk
qui lui veut jouer de la flûte au lieu de partir à la chasse
comme ses frères, finalement Petitruk ira chasser à la musique
>> p. 29 au Pôle 2 jours et 2 nuits = 2 ans
>> p. 33 le cri du morse

6) les deux mousquetaires
sous Louis XIII et Richelieu, les gardes du cardinal
et les mousquetaires du roi se lancent un duel
et c'est le mousquetaire Dubois qui remplace d'Artagnan
pour une mission de nougat à Montélimar

7) sans rime ni raison (au Moyen Age),
dans la série des légendes féériques;
les deux poètes Baliverne et Anicroche veulent tous deux marier
la princesse Hypophyse et pour les départager,
ils sont soumis à des épreuves qu'ils réussissent
mais quand ils apercoivent la laide princesse,
tous les deux prennent la fuite et pour échapper à la princesse,
ils se transforment en poireau (?)

8) l'affaire des contrepoisons (Renaissance)
Italie, Leonardo da Vinci
>> p. 46 les seigneurs Pericoloso Coriza et Andante Manontropo
pour annuler les effets d'un terrible poison administré à Coriza,
il faut un contrepoison obtenu par le lait d'une vache
nourrie exclusivement de trèfles à quatre feuilles

9) la route des épices (conquistadores)
les expéditions aux Indes et au Mexique par le seigneur
Pedro de Obras y Carretera qui découvrira les secrets de la cuisine aztèque:
au poivre flambé ou au steak poivré

>> épisodes parus dans le Journal Pilote,
les scénarios sont concoctés par Goscinny qui comme toujours excelle
dans ce genre de récit avec moû calembours et autres jeux de mots
et le graphisme de Martial est tout à fait agréable à la lecture
>> seul et unique album de ce genre

n.b. Martial alias Martial Durand, né en 1924
bibliographie:
Monsieur Sait-tout, la famille Bottafoin, Sylvie, Tony Laflamme,
Jérôme Bluff et histoires de l'Oncle Paul

Information
les divagations de M. Sait-Tout est une bande dessinée humoristique
créée par Martial et René Goscinny parue dans Pilote entre 1961 et 1965,
elle se compose de 9 récits complets totalisant 50 planches

s’il n’est pas présent dans le premier numéro de Pilote,
Martial a néanmoins été associé au projet,
Goscinny et Martial se connaissent depuis le début des années 50,
ils ont déjà travaillé ensemble sur Sylvie et Alain et Christine pour la World Press

l’une des caractéristiques de Pilote à l’’époque est d’offrir
davantage de récits complets dans ses pages que ses concurrents,
mieux encore quand Tintin ou Spirou offrent des récits complets,
ceux-ci sont de 4 pages tandis que Pilote peut proposer jusqu’à 8 planches,
d’où des histoires plus étoffées et mieux construites,
enfin, le plus souvent ces récits complets sont chez Tintin et Spirou
des anecdotes historiques tels les récits d’Yves Duval
ou les fameuses histoires d’Oncle Paul

Pilote ne délaisse pas l’aspect historique
et va d’ailleurs régulièrement proposer un équivalent,
à ceci près qu’il ne s’agit pas de BD mais de textes sous des vignettes,
dès le départ Pilote fait le choix d’avoir majoritairement
des récits complets de pur amusement,
bien qu’un décompte précis n’ait pas encore été fait,
les bandes humoristiques composent plus des 2/3 de ces histoires

bien qu’il s’en soit officiellement défendu,
les divagations de M. Sait-Tout furent une parodie
des belles histoires de l’Oncle Paul et surtout un excellent prétexte
pour Goscinny de faire des jeux de mots,
la chose nous parait évidente aujourd’hui grâce à Iznogoud,
mais à l’époque, le fameux vizir n’existait pas encore,
il sera créé un an plus tard (1962) pour le périodique Record

comme pour l’épopée bagdadie le nom des personnages baigne
dans l’à-peu-près et le calembour:
un cuisinier chinois est nommé Tchao Tchao,
un Aztèque Talaquétzaouti, le fourbe Pericoloso Coryza
et le bon Andante Manontropo, lady Pomfryth, etc

mais cet humour ne se limite pas aux noms des personnages
ainsi tel viking s’exclame: je suis tombé par terre, par Thor;
ce qui caractérise cette BD, outre ses jeux de mots,
est l’anachronisme voulu, ainsi à titre d’exemple un seigneur médiéval
juché sur son cheval s’adresse à un paysan:
quel champ puis-je piétiner aujourd’hui, Mathieu?
allez piétiner les betteraves, sire, il y a surproduction,
ça risque de faire baisser les prix

on découvre des scènes qui seront reprises ou amplifiées par la suite
dans d’autres réalisations de Goscinny,
les anglais qui font par exemple un pause pour le 5 o’clock
préfigurent les bretons d’Astérix

bref, on le voit ces divagations furent un laboratoire, un essai,
brillant au demeurant, pour de futures œuvres

le succès d’Astérix fit que Dargaud en profita
pour éditer enfin ces aventures en 1974,
Martial écrivit alors à Goscinny en lui demandant de reprendre cette série
lequel lui répondit qu’il en serait enchanté,
mais la maladie de l’épouse de Goscinny empêcha l’auteur
de donner une suite immédiate à cette requête,
puis la mort de l’humoriste en 1977 mit un terme définitif à cette volonté

chaque histoire débute avec l’image de M. Sait-Tout,
chauve à lunettes avec une barbe blanche,
qui se propose de livrer une brillante anecdote
suite à une lecture dans un docte ouvrage,
au fil des histoires, l’ouvrage savant s’avère être
un annuaire des postes, un livre de coloriage, un catalogue, etc;
chaque fin d’histoire se termine invariablement par un personnage
qui invite le professeur à une douche glacée, à enfiler une camisole, etc


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