tome14 le temple du soleil

série: Tintin, albums EO
dessinateur / scénariste: Hergé
éditeur: Casterman EO 1949
genre: Aventure
classement: biblio1
date: 1949
format: cartonné
état: TBE
valeur: 800 €
critère: ***
remarques: première édition couleur, B3, marqué 1949, dos jaune
page de titre, titre en noir aux deux symboles inca
titre en noir sur première page
4ème plat, temple du soleil

prépublication en couleurs dans le Journal Tintin
de septembre 1946 à avril 1948, la deuxième partie
des 7 boules de cristal sera fusionnée avec le temple du soleil


résumé
l'action débute à Callao, Pérou dans le bureau du chef de police
qui fait déguster à Tintin et Haddock le pisco = la liqueur du pays
>> p. 2 Haddock fait déjà la connaissance des lamas
"quand lama fâché, lui toujours faire ainsi"
>> p. 3 l'arrivée du cargo Pachacamac,
les Dupond(t) enquêtent avec l'accord du senor inspector superior
>> p. 4 le pavillon de la quarantaine, Dupont(d) et le guano,
Tintin décide de se rendre malgré tout sur le Pachacamac
mais il est surpris par Chiquito
>> p. 9 Haddock qui s'adonne au plaisir de la rame,
puis il avertit l'inspector superior qu'on ne doit pas réveiller,
Haddock se rabat alors sur les deux Dupond(t)
>> p. 10 le réveil fastueux des Dupond(t)

sur les traces des ravisseurs de Tournesol, on prend alors place
dans le célèbre chemin de fer de la Cordillère des Andes
dont le wagon de nos amis a été saboté,
>> p. 14/15 la course folle du wagon libéré
et le saut vertigineux de Tintin
arrivée à Jauga où Tintin prend la défense du petit indio Zorrino
qui accepte de les guider jusqu'au repaire des ravisseurs
de Tournesol, rendez-vous au pont de l'Inca,
Tintin reçoit un talisman pour avoir défendu Zorrino
>> p. 21 retrouvaille de Haddock avec les lamas
qu'il qualifie de jets d'eaux ambulants
nos amis sont agressés lors de la nuit
dans un tombeau inca: le chulpa
enlèvement de Zorrino, chute d'Haddock
Zorrino est délivré mais Milou tombe dans les griffes d'un condor,
sauvetage de Milou par un Tintin alpiniste
>> p. 28 à 30 la lutte avec le condor
la marche continue à travers des cols enneigés et une jungle torride
Haddock pris dans une avalanche doit la vie au whisky
(il y a un dieu pour les amateurs de whisky, dixit Tintin)
>> p. 32 4ème vignette, la chute spectaculaire d'Haddock
épisode d'Haddock avec l'ours des Andes,
traversée difficile de la forêt vierge
avec moustiques, singes-hurleurs, boa, alligators,
le tapir-autobus, le fourmilier = Cyrano à 4 pattes selon Haddock

>> p. 39 enfin, on arrive à proximité du temple du soleil
>> p. 40 le passage de la cascade (un mince rideau d'eau)
>> p. 44 le passage secret des anciens incas, les momies incas,
la flûte des morts = l'os à musique
>> p. 47 arrivée fracassante dans le temple du soleil (jolie vignette)
>> p. 48 devant l'Inca, le fils du soleil et devant Huaco alias Chiquito
Zorrino sauvé par le talisman donné à Tintin par Huascar, le grand prêtre
mais Tintin et Haddock avec Tournesol seront sacrifiés sur un bûcher
qui sera enflammé par le dieu soleil
ils pourront toutefois choisir l'heure et le jour de leur mort
>> p. 52 Tintin découvre une possibilité d'échapper à la mort
tandis que les Dupond(t) continuent inlassablement dans le monde
leurs recherches sur Tintin à l'aide de la radiesthésie
(plusieurs vignettes cocasses)

>> p. 56 l'heure du sacrifice, arrivée de Tournesol
Tintin implore le Pachacamac, l'astre du jour,
pour qu'il fasse annuler le sacrifice
(Tintin utilise à cet effet une éclipse de soleil dont, peut'être
erreur d'Hergé, car les Incas auraient dû en avoir connaissance
de par leur connaissance de l'astronomie)
>> p. 59 de joie, Haddock entonne la chanson de Trenet
"le soleil a rendez-vous avec la lune"
>> p. 60 Tintin et ses amis retrouvent leur liberté,
mais Tintin demande aussi à l'Inca de libérer les 7 savants
en Europe de leur malédiction et donc de leur sommeil léthargique
avec crise nerveuse, l'Inca annule l'envoûtement
et le supplice par poupée interposée
>> p. 61 dernière rencontre de Tintin avec Zorrino
(qui ne reparaîtra plus par la suite)
>> p. 62 le trésor des incas et le retour au pays de Tintin
qui a promis de ne pas révéler où se trouve le temple du soleil,
la vengeance d'Haddock sur les lamas

>> un album très intéressant avec de magnifiques illustrations
l'album peut'être le plus actif et le plus varié des aventures de Tintin
(enquête, poursuite, documentation, archéologie,
anciennes civilisations, astronomie, onirisme, etc)

annexes
- 1er et 4ème plat de l'album
- 4 cases mémorables

>> un très bel album, au 1er plat bien propre, avec coins piquants,
dos jaune complet, 4ème plat et intérieur parfait
côté au BDM en BE Euros 850.-

Information
le temple du Soleil est le quatorzième album de la série
de bande dessinée des aventures de Tintin,
l'histoire constitue la seconde partie d'un diptyque
qui débute avec les sept boules de cristal,
elle fait d'abord l'objet d'une prépublication
dans le journal Tintin du 26 septembre 1946 au 22 avril 1948,
avec pour restriction que les premières pages publiées
correspondent à la fin de l'album des sept boules de cristal,
même si elles le sont sous le titre "le temple du Soleil"
de fait, l'histoire proprement dite du temple du Soleil
débute le 19 décembre 1946
il s'agit de la toute première aventure de Tintin à être pré-publiée
en couleurs directes dans le journal Tintin tout nouvellement créé,
comme pour les sept boules de cristal, sa prépublication
connaît des interruptions qui sont liées ici
à des épisodes de dépression d'Hergé, enfin
la publication sous forme d'album en couleurs se fait seulement
en 1949 afin de suivre celle des sept boules de cristal

la création du temple du Soleil a lieu dans un contexte
de post-libération de la Belgique pour avoir travaillé dans un journal
sous direction de collaborateurs à l'Allemagne nazie,
Hergé se retrouve au sortir de la Seconde Guerre mondiale
sous le coup d'une interdiction de publier,
ceci le conduit à ne pouvoir faire paraître son récit
que plus de deux ans après sa première partie
et cela aura des conséquences sur la narration de l'histoire,
par ailleurs, à cause notamment du départ de son complice,
coloriste, décorateur et assistant scénariste Edgar P. Jacobs,
mais aussi du fait de l'emprisonnement
de son ami scénariste Jacques Van Melkebeke,
la création du temple du Soleil est l'occasion
de l'arrivée auprès d'Hergé de plusieurs intervenants
pour l'assister sur les aspects aussi bien graphiques
que scénaristiques de son projet
de fait, l'épisode porte en germe la création des Studios Hergé
qui seront constitués moins de cinq ans plus tard, en 1950

le temple du Soleil est une œuvre marquée par un grand nombre
de références littéraires plus ou moins cachées:
- l'épouse du Soleil de Gaston Leroux,
- l'empire du Soleil de Conrad de Meyendorff et au moins
deux romans de Jules Verne:
les enfants du capitaine Grant et l'île mystérieuse,

les commentaires royaux sur le Pérou des Incas du chroniqueur
amérindien de langue espagnole Inca Garcilaso de la Vega,
et même un roman de Marcel Priollet, le maître du Soleil, paru en 1944

l'œuvre est une création marquée également par un grand souci
de réalisme, ce qui a amené son auteur à effectuer de multiples
recherches dans des documents s'intéressant à la civilisation inca
de fait, le temple du Soleil est considéré
comme faisant preuve de véracité historique, même si
ces recherches n'empêchent pas Hergé de commettre quelques erreurs,
approximations ou détournements qui lui seront parfois reprochés

les personnages:
- le capitaine Haddock acquiert dans la précédente aventure de Tintin,
les sept boules de cristal, un statut nouveau en ce qu'il supplante
Milou comme interlocuteur privilégié de Tintin,
leur mise en concurrence narrative prend donc fin à ce moment-là
néanmoins, avec le temple du Soleil, certains observateurs constatent
que la place du capitaine ne semble pas encore tout à fait établie,
s'appuyant pour cela sur l'épisode de sa mise au bûcher et notant
ainsi qu'il serait "sacrifié sur l'autel de sa propre illégitimité"

Chiquito apparaît dès les sept boules de cristal, en réalité,
cet Indien descendant des Incas s'appelle Rupac Inca Huaco
et appartient au clergé du temple du Soleil, son travail,
volontiers qualifié de fanatique, est d'accomplir une vengeance
en plaçant sous hypnose les sept explorateurs,
il apparaît à certains moments clefs de l'histoire:
lors de l'arrivée au Pérou du navire dans lequel
se trouve prisonnier Tournesol et dont il est le geôlier,
lors de l'épisode du bûcher et lors du désenvoûtement
des sept explorateurs

Zorrino est un jeune Indien quechua, à ce titre,
il est le sujet de moqueries et de harcèlement
de la part des descendants des colons espagnols;
bien qu'accomplissant là un geste qui a trahi sa race,
Zorrino guide Tintin et le capitaine Haddock vers le temple du Soleil,
le jeune garçon a donc pour rôle d'établir un lien
entre la modernité que Tintin symbolise
et la tradition représentée par les Incas cachés dans leur temple,
par ailleurs, Zorrino semble être l’alter ego andin de Tintin,
qu'Hergé a imprégné de ses valeurs constitutives,
procédé dont a déjà bénéficié la figure de Tchang dans le Lotus bleu
de fait, Zorrino et Tchang constituent, avec Abdallah,
les seules figures d'adolescents notables
dans les aventures de Tintin

le professeur Tournesol acquiert dans ce diptyque une fonction
qu'il ne possédait pas dans les précédents albums,
celle de catalyseur de l'aventure qu'il remplit
en étant la cible de la vengeance inca,
Jean-Marie Apostolidès fait observer qu'à travers son enlèvement,
le professeur Tournesol subit un "rite de passage"
qui lui permet à terme d'appartenir au cercle familial
formé par Tintin, Milou et le capitaine Haddock
enfin, le professeur acquiert un rôle de guide,
presque de boussole pour Tintin et Haddock,
en effet, il est celui dont les héros suivent la trace
puis vers lequel ils se dirigent
et, de façon générale, il est celui qui donne une direction
avec ce résultat paradoxal que l'on ne peut se perdre avec lui
si l'on applique son antienne à l'extrême,
en allant toujours "un peu plus à l'ouest",
on finit invariablement par revenir à son point de départ;
toutefois, son exemple seul ne suffit pas pour retrouver son chemin,
ainsi, les Dupondt, voulant retrouver Tintin, Haddock et Tournesol
grâce à la radiesthésie, se rendent aux quatre coins du monde
en se fiant à un pendule dont ils sont incapables
d'interpréter correctement les indications, les interprétations
du professeur demeurent donc encore indispensables

Hergé a souvent utilisé nombre d'œuvres littéraires comme sources
d'inspiration pour la création de scénarios de Tintin,
le temple du Soleil ne fait pas exception avec au moins
six sources d'inspiration que les recherches ont recensées,
néanmoins, l'auteur ne reconnaît pas volontiers
de telles inspirations, ne serait-ce que parce qu'il craint
de devoir justifier des références qu'il n'a pas apportées
ou même qu'il ne connaît pas
ainsi, quelques années après la parution de l'album,
il refuse la préface d'un livre qui lui est consacrée
et pourtant écrite par Roger Nimier au prétexte que, entre autres,
le préfacier affirme que le temple du Soleil aurait fait appel
à l'œuvre de D. H. Lawrence

la source d'inspiration la plus étudiée et la plus reconnue
pour cette histoire est "l'épouse du Soleil",
un roman d'aventure écrit par Gaston Leroux et paru
sous forme de feuilleton en 1912 puis en livre en 1913,
il s'agit de la seule source à laquelle Hergé se réfère explicitement,
du moins selon Numa Sadoul, ayant été impressionné
par l'idée de vengeance par ensorcellement des Incas,
Hergé confirme avoir repris le thème de l'envoûtement,
certains épisodes du roman de Leroux se retrouvent donc adaptés
par exemple, la réponse que font invariablement les Indiens
aux questions du héros de Leroux (no hay señor)
devient chez Hergé un gag relevant du comique de répétition
lorsque le capitaine Haddock se voit refuser lui aussi
tout renseignement par la réponse "no sé" de la part des Indiens,
le gag se concluant par le même "no sé" crié par Haddock
à l'encontre d'un Indien qui lui demande la charité,
mais l'inspiration va plus loin, en effet, c'est toute une partie
de la structure du récit de Gaston Leroux
qu'il est possible de retrouver chez Hergé:
départ du même port de Callao, allusion au négoce de guano,
déplacement par le train vers Jauga,
puis équipée à pied à travers la montagne vers le temple du soleil
dont les gardiens prévoient le sacrifice
sur un bûcher de la compagne du héros;
pour nourrir sa réflexion, Hergé puise aussi dans un témoignage,
celui de Conrad de Meyendorff, l'empire du Soleil (1909)
qui est le journal de voyage de cet officier
de la marine russe de nationalité allemande et de sa femme
au cœur de l'Amazonie lors de leur voyage de noces
qui dure deux mois en 1903;
ainsi, Hergé reprend la trame d'un épisode de ce livre
qui relate la mise en quarantaine des passagers du navire
en arrivant à Callao, pour cause de peste bubonique,
d'ailleurs, Hergé reprend cette même maladie pour justifier
la quarantaine imposée aux passagers du Pachacamac,
ce qui se révèle un prétexte pour interdire aux autorités
toute inspection du navire,
de plus, Hergé aurait eu pour source d'inspiration
des passages de certains ouvrages de Jules Verne
dont, le plus assurément, le roman d'aventures,
les enfants du capitaine Grant, paru en 1868
et dont une partie de l'intrigue se déroule en Amérique du Sud;
en effet, certains observateurs voient des reprises de ce dernier
dans l'épisode où Milou est enlevé par un condor
et en particulier au moment où Tintin s'agrippe aux pattes du volatile:
cette vignette n'est pas sans évoquer
l'illustration que tira Édouard Riou du roman,
de même, il est possible de retrouver une similitude entre la vignette
où Tintin pénètre à bord du Pachacamac en début d'album
et l'illustration de Jules Férat représentant un épisode
de l'île mystérieuse paru en 1875

ces rapprochements entre des vignettes d'albums de Tintin
et des épisodes ou des illustrations de romans de Jules Verne
ont toutefois fait l'objet de polémiques;
de fait, il est difficile de mesurer l'influence réelle
que peut avoir l'œuvre de Jules Verne sur le temple du Soleil,
d'autant plus qu'Hergé a toujours nié avoir jamais lu cet auteur
néanmoins, si ce lien existe, il est possible de l'attribuer
de nouveau à Jacques Van Melkebeke,
par ailleurs, selon toute hypothèse, Hergé se serait également
inspiré des commentaires royaux sur le Pérou des Incas
de Inca Garcilaso de la Vega, chroniqueur amérindien
de langue espagnole de la fin du XVIe siècle dont il aurait eu
vent grâce à l'ouvrage de Conrad de Meyendorff, certains
indices tendraient à le prouver bien que cela soit très discret

ainsi, dans la version de prépublication dans Tintin,
peut-on lire cette demande faite par Tintin à Milou de hurler
alors qu'ils se trouvent sur le bûcher préparés par les Incas,
or cette injonction constituerait un reflet
du témoignage de Garcilaso de la Vega qui raconte:
ils attachaient les chiens grands et petits,
leur donnaient des coups de bâton pour les faire hurler,
comme s'ils eussent invoqué la lune, qu'ils croyaient
avoir de l'affection pour ces animaux, par ailleurs,
toujours dans cette scène, le chant des jeunes femmes
avant le sacrifice serait tiré du même livre
dont Hergé a recueilli la traduction:
"celui qui a fait le Monde, le Dieu qui l'anime, le grand Viracocha,
t'a donné l'Âme, pour faire cette charge, où il t'a établie"

de même, la description de l'usage des lentilles servant à allumer
le bûcher des condamnés appartient aux Commentaires royaux,
ce qu'aurait également emprunté Hergé, choix qui contredit
la description que l'on trouve dans une illustration d'article
du National Geographic de février 1938 (>> voir tintin étude)
sur la civilisation inca, réalisée par Herbert M. Herget,
selon laquelle les Incas utilisaient une petite coupelle en or
au centre de laquelle ils plaçaient l'objet à enflammer,
mais l'indice le plus probant dans l'usage de cet écrit
comme source tiendrait dans cette image plusieurs fois répétée
par Hergé du lama qui crache sur le visage du capitaine Haddock,
en effet, il semble que cette idée n'ait jamais été utilisée
dans la littérature, à tout le moins,
ni dans l'épouse du Soleil de Gaston Leroux,
ni dans d'autres récits où ces animaux sont pourtant présents,
or il se trouve qu'il s'agit justement d'une représentation
des lamas décrite par Garcilaso de la Vega:
"lorsque les Indiens s'obstinent à les faire lever
et s'approchent d'eux à cet effet, ils se défendent en crachant
sur celui qui se trouve le plus près, de préférence au visage"
malgré toutes les précautions dont il a pu s'entourer
afin d'éviter le maximum d'erreurs, Hergé commet
certaines inexactitudes qui émaillent son récit,
la première raison en est la faible documentation iconographique
dont dispose l'auteur, ce qui l'oblige à jouer avec la réalité


ce genre d'erreurs plus ou moins volontaires
apparaît par exemple dès les premières cases de l'album
puisqu'en faisant déambuler Tintin et le capitaine Haddock
dans les rues de Lima proche de Callao, ce sont en fait
celles correspondant à la ville de Cusco qu'ils traversent;
de même, quelques planches plus loin, les illustrations des rues
de la ville de Jauga que Tintin arpente, correspondent en fait
à des clichés de la ville de Puno située
à près de 800 kilomètres de là à vol d'oiseau,
le nom même de cette cité, Jauga dans l'album,
est l'objet d'une erreur puisqu'elle se nomme Jauja,
erreur dont l'origine est une faute d'orthographe
de la part d'Edgar P. Jacobs qu'Hergé a recopiée;
de la même manière, en fin d'histoire,
si la vignette où Tintin et Haddock sont amenés à leur bûcher,
correspondant à un cliché de la cité du Machu Picchu
issu du National Geographic,
l'appareillage du mur sur la bande suivante correspond
à un dessin représentant les murailles de la citadelle
de Sacsayhuamán située à Cusco,
enfin, lorsqu'il représente cette même ville de Cusco
en fin d'histoire, le décor de la rue visible en vignette
correspondrait plutôt à la ville de La Paz,
capitale administrative de la Bolivie, puisqu'il s'inspire
d'un cliché pris par Conrad de Meyendorff de cette dernière

la seconde raison de ces erreurs provient du fait que les sources
dont Hergé dispose sont elles-mêmes sujettes à caution
ainsi, il est démontré que les dessins effectués
par Herbert Herget dans le National Geographic
constituent souvent une interprétation de sa part de la réalité historique,
par exemple, Herget attribue des vases à la culture moche:
cette dernière est certes sud-américaine mais elle n'est pas inca,
lui étant antérieure de plusieurs siècles
enfin, un épisode renvoie à un événement astronomique
sur lequel beaucoup de commentaires ont été émis: l'éclipse solaire,
comme elle se produit lors de l'épisode final du bûcher
qui constitue un évènement central au sein de l'histoire,
l'éclipse marque la résolution de l'aventure;
l'idée semble en avoir été apportée par Bernard Heuvelmans,
la première erreur d'Hergé est historique lorsqu'il prétend
que les Incas ne connaissent pas un tel phénomène,
or il apparaît plutôt qu'ils étaient incapables de les prévoir;
par ailleurs, la seconde erreur, scientifique, concerne
le bord à partir duquel le soleil est occulté par la lune,
de fait, quelque temps après la publication
de la version album du temple du Soleil,
Hergé reçoit un abondant courrier l’informant
qu’il a commis une erreur lors de la scène
en la faisant démarrer par la droite du soleil,
les personnages se trouvant dans l’hémisphère sud
et non dans l’hémisphère nord, l’éclipse aurait dû se dérouler
dans le sens inverse de sa description,
l'erreur est d'autant plus fâcheuse que la version
de prépublication propose une version réaliste de la scène,
où la Lune occulte le Soleil par la gauche

c'est ainsi que, plusieurs années plus tard,
cette scène est remise en question par Hergé
qui, simultanément, regrette l'erreur
et considère le procédé comme un cliché scénaristique
"je reconnais que c’est un point noir dans cette affaire",
ces erreurs mises bout à bout, et notamment celles
concernant la civilisation inca,
font qu'un certain nombre de critiques seront dirigées
à l'encontre du temple du Soleil
par les spécialistes de l'Amérique pré-colombienne,
néanmoins, Hergé, en créant le temple du Soleil,
n'a pas pour objectif de faire œuvre d'exactitude historique,
mais simplement de réalisme et de crédibilité;
par ailleurs, les observateurs tintinologues font remarquer
que l'œuvre appartient au domaine de l'art et que l'important
demeure que le lecteur se laisse entraîner sans réserve
dans le récit et le monde qu'il décrit


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