tome 1 la favorite

série: Djinn
dessinateur / scénariste: Miralles+Dufaux
éditeur: Dargaud EO 2001
genre: Erotisme
classement: biblio309
date: 2001
format: cartonné
état: TBE
valeur: 50 €
critère: **
remarques: Djinn est une série de bande dessinée
débutée en 2001 sur un scénario de Jean Dufaux
(complainte des landes perdues, Fox,
Giacomo C, Murena, Rapaces, etc) et des
dessins et couleurs d'Ana Mirallès,
la série compte trois cycles:
- le cycle ottoman, tomes 1 à 4
- le cycle africa, tomes 5 à 9
- le cycle India dès le tome 10

une jeune anglaise (Kim Nelson) débarque
à İstanbul en quête de l’histoire
de sa grand-mère Jade qu’elle n’a pas connue,
cette dernière était la favorite du sultan
Murati,surnommé le sultan noir qui lui avait
demandé de séduire le diplomate anglais
Lord Nelson, le piège se resserre en parallèle
sur le lord et sa femme en 1912
et sur Kim de nos jours,

les femmes du harem exercent un pouvoir
souterrain et les parcours initiatiques
sont parsemés d’embûches

Kim est la petite-fille de Jade, la favorite
du sultan noir en 1912, le but du sultan était
d'utiliser Jade pour des fins politiques
avec Lord Nelson et le but de Kim est de
retrouver le trésor du sultan noir,
elle sera aidée par un mystérieux inconnu
qui lui vient en aide chaque fois que
les adversaires de Kim à la recherche du trésor
lui mettent des bâtons dans les jambes
(qu'elle a d'ailleurs fort jolies)
>> p. 8/9 les charmes du hammam
>>p. 14/15 la cruauté de Jade


>> le récit se déroule sur une trame historique,
relatant notamment le soutien des turcs
aux allemands pendant la première guerre mondiale
avec l’évocation d’Enver Pacha, le récit est,
par le jeu du chevauchement des époques,
toujours à la limite du fantastique et
parfois plutôt complexe, mais on tire encore
facilement son épingle du jeu et la couverture
de l'album est superbement érotique


Information

A) le scénariste Jean Dufaux (1949-)désirait
promener son imaginaire dans un de ces lieux
ouverts à tous les fantasmes:
le mythique harem d'Istambul,
pour en décrypter les codes, il y a pénétré
avec la complicité d'une femme,
la dessinatrice Ana Mirallès (1959-),
l'un, par les mots et l'autre, par les images,
retracent la genèse et l'évolution de
la fascinante série Djinn qui en résulta

Istambul, pour le scénariste Jean Dufaux,
la ville présentait une culture
d'une richesse exceptionnelle et une fracture:
la fin du puissant Empire ottoman,
cette culture et cette fracture se retrouvaient
dans un espace à la fois fermé et ouvert
à tous les fantasmes: le harem,
mais en faire le cadre d'une BD, c'était risquer
les clichés boiteux et les maniérismes machistes,
le choix d'une dessinatrice s'imposait,
une sensibilité féminine permettrait de garder
une certaine distance entre l'objet décrit
et les sensations que cet objet pouvait dégager

à quoi sert un harem? au plaisir d'un souverain
bien sûr, mais bien naïf celui qui le limite
à cet unique but, car il est dit: "satisfait
un homme et tu obtiendras de lui tous
les trésors de la terre, y compris
ceux de la guerre"

voilà pourquoi le harem du sultan Murati,
surnommé le sultan noir, est pour lui
une arme plus puissante que bien des armées
dont disposent ces anglais, ces allemands
qui se disputent ses faveurs et son alliance

fleur entre les fleurs, arme entre les armes,
Jade, sa nouvelle favorite, est chargée par
le maître d'Istambul de mener à bien l'assaut
d'un diplomate anglais à travers
son talon d'Achille: sa femme..
car Jade n'a peur de rien et semble cacher
un coeur de pierre sous sa douce poitrine,
l'homme de confiance du sultan ne l'a-t-il
pas vue ordonner le meurtre de sang-froid
de la petite fille de Djoua,
favorite déchue de Murati?

que se passa-t-il réellement en cette année 1912?
on dit aussi que Jade, battue par ses propres armes,
trahit le sultan

B) en 1912, la Turquie choisit le mauvais camp,
elle se place aux côtés de l'Allemagne dans
la grande guerre qui se prépare, l'ancien
Empire ottoman partait en ruine, l'économie
turque passant officiellement
sous tutelle étrangère,
vers 1895, l'affaiblissement des derniers sultans
permit l'émergence des Jeunes Turcs, un mouvement
nationaliste, dont la figure prédominante,
Enver Pacha, devint ministre de la guerre en 1914,
le sultan réclame la "guerre sainte" aux alliés,
l'engrenage fatal se met en place

quant la Turquie se retire de la guerre
(armistice de Moudros en 1918),
les Jeunes Turcs ne devront leur salut
qu'en s'enfuyant vers l'Allemagne,
des années de marasme suivront et il faudra
attendre 1923 pour qu'un ancien inspecteur
militaire en Anatolie Orientale, Mustafa Kémal,
redonne à son pays sa dignité perdue

couvertures:
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