Opération Terre Brûlée tome 1

série: 2nd WW Russie
éditeur: J'Ai Lu
auteur: Carell Paul
classement: biblio2C
année: 1969
format: broché, collection bleue
état: TBE
valeur: 5 €
critère: ***
remarques: tome 1: après Stalingrad décembre 1942 à mars 1943
compte-rendu exceptionnel, détails intéressants
et développement bien expliqué avec cartes à l'appui
(les conséquences de Stalingrad, tragique mais pas déterminante,
bataille pour Kharkov, Leningrad, la poche de Demiansk)

Stalingrad, bien qu'étant une tragique défaite allemande,
ne fut pas une déroute, ce fut toutefois la dernière phase
de l'offensive stratégique allemande en URSS,
il faudra attendre l'été 1943 lors de la bataille de Koursk
pour arriver au tournant de la guerre
Koursk (opération Zitadelle) fut la bataille la plus importante de la guerre
le récit qui suit est en tout cas authentique
et s'appuit sur des documents irréfutables

1/ Staline voulait plus que Stalingrad

Staline ne voulait pas seulement se limiter à anéantir
la VIème armée de Paulus mais à percer jusqu'à Rostov
pour encercler l'aile sud allemande soit 2 groupes d'armée
= 7 armées = env. 1 million d'hommes

le 23.12.42 l'armée de Badanov enfonce la VIIIème armée italienne
sur le front sud-ouest du Don (250 km en 5 jours),
le terrain d'aviation de Tatsinskaïa
(200 km à l'ouest de Stalingrad et point de ravitaillement)
est occupé sans grande résistance, toutefois
le général Hoth réussit à se maintenir encore
sur un front à 50 km de Stalingrad
et rejoint le corps de Hollidt à sa gauche pour contenir l'assaut russe

grâce à la 6ème et à la 11ème PZ, les forces blindées de Badanov
sont arrêtées et se retrouvent à leur tour encerclées à Tatsinskaïa
mi-janvier, au nord-ouest, le groupe Fretter-Pico avait tenu bon
avec les deux groupes Hollidt et Hoth,
mais pour ce faire, Hoth avait dû dégarnir son flanc sud
qui était maintenant attaqué par les 3 armées soviétiques d'Eremenko
et de son conseiller Khrouchtchev qui cherchent à percer sur Rostov
les armées russes arrivent à 10 km de Rostov
mais c'était sans compter avec le corps Schwerin qui prend les russes par revers
>> p. 38-40 la magnifique charge de la division des "lévriers" du comte Schwerin

la Ière armée blindée du Caucase était sauvée
mais sa retraite restait pénible,
toutefois la résistance de Stalingrad qui avait retenu de forts contingents ennemis
aura ainsi contribué à sauver le groupe d'armée A du Caucase

2/ alerte sur la Mer Noire

le 24.1.1943 le plan de Staline avec l'aide de la flotte de la Mer Noire
était d'encercler la XVIIème armée allemande du général Ruoff
dans la péninsule de Taman, au sud de la mer d'Azov,
ce fut été la destruction d'un corps d'armée deux fois plus important que celui de Stalingrad

le 4.2.1943 le débarquement russe s'effectue près de Novorossiisk,
dans la baie d'Osereika
après la première vague d'assaut, ce sont 6000 hommes qui débarquent
mais sans soutien naval et aérien, le débarquement fut un échec
car les forces allemandes averties, les attendaient bien préparées
>> p. 74 le matériel américain arrivé déjà en URSS

un 2ème débarquement de diversion à Stanitchka eu un peu plus de succès,
ceci dû surtout à la réaction tardive des allemands,
les russes s'accrochèrent sept mois sur le mont Mychako
mais ne purent pas progresser plus en avant

3/ 3ème bataille de Kharkov

février 1943, la XVIIème armée de Ruoff s'établit fermement sur la ligne des Goths,
Krasnodar et Rostov sont abandonnés et les russes
attaquent à nouveau avec cette fois comme but le Dniepr et la Crimée
ce ne sera que grâce à Manstein que l'offensive russe sera arrêtée et déjouée

les allemands commencent à être encerclés à Kharkov
où deux divisions blindés SS commandées par Hausser sont installées
Hitler donne l'ordre de résister à tout prix,
ce serait alors un deuxième Stalingrad!
Hausser désobéit et évacue Kharkov,
contrairement aux prévisions de Staline qui connaissait les ordres d'Hitler,
confirmés par l'espion "Werther"
qui cette fois ne put pas fournir des informations appropriées à la situation

3 divisions blindées bien équipées réussissent donc à s'échapper
et à former un nouveau front à l'arrière,
même Hitler malgré ses ordres, dut se rendre compte
que cette action était judicieuse et justifiée
>> p. 124 Hitler le 17.2.1943 auprès de Manstein sur le front du Dniepr (?)
le 18.3.1943 Kharkov est réoccupée par les forces allemandes

4/ Léningrad, la tragédie d'une ville

Stalingrad au sud, Leningrad deviendra-t-elle la Stalingrad du nord?
ces combats sur de grands centres urbains relevaient
plus du symbole que de décisions militaires stratégiques
Leningrad sur la Baltique était une forteresse maritime,
la 2ème ville d'URSS et la perle culturelle de la Russie
ainsi qu'un centre de production important et le port d'attache de la flotte rouge

l'erreur d'Hitler fut de ne pas avoir occupé Leningrad au début de la guerre
en voulant seulement l'encercler et la réduire à la famine,
son but était d'épargner aux troupes allemandes un combat au corps à corps dans la ville
car celle-ci avait été entièrement minée
et aurait été défendue avec acharnement
ce qui aurait causée de grandes pertes,
cette situation a d'ailleurs été confirmée par les soviets en 1965!

mais l'erreur d'Hitler consistait à croire que la ville tomberait comme un fruit mûr,
il se trompait et la ville résista grâce aux mesures énergiques
de Idanov, commandant de Leningrad, qui immobilisa une armée allemande entière
pour assiéger la ville
mais surtout les allemands ne purent jamais
assurer une communication directe avec leurs alliés finlandais
qui forcés de retenir leurs efforts sur Leningrad
ne purent concentrer de nouvelles forces sur le port de Mourmansk
tout comme à Dunkerque, Hitler laissa échapper sa chance

dès le premier jour, le lac Ladoga - au moins de nuit -
fut une brèche ouverte dans le blocus allemand
(30 km de distance jusqu'au front russe de l'est = la route de la vie)
2 millions de civils et 250'000 soldats devaient être ravitallés dans Leningrad encerclée
il n'arriva durant l'hiver 41/42 que 100 tonnes de ravitaillement
alors que durant le blocus de Berlin en 1948, il arrivait 10'000 tonnes par jour!

par chance, vers la fin de 1941, le lac Ladoga gela
et Leningrad fut reliée directement au front russe de l'est
(800'000 personnes purent ainsi être évacuées
et Idanov fit même installer des rails sur le lac gelé!)
mais 80% du ravitaillement était constitué de matières premières
pour la fabrication de munitions, d'armes et même de chars à Leningrad

en été, Idanov fit aussi installer à travers le lac
un pipe-line et un câble d'alimentation électrique pour l'industrie,
les civils devaient contribuer à l'effort de guerre
par parfois des températures de -40° sans grande possibilité de chauffage

du sud-est de Leningrad au front oriental russe,
le couloir au sud du lac Ladoga occupé par les allemands
n'avait que 14 km de large
au printemps 1942, Hitler reconnut son erreur
et décida d'investir Leningrad mais il était trop tard,
la défense de Leningrad était trop résistante
>> p. 176 le mot de Schiller:
ce qu'on refuse à la minute, aucune éternité ne le rend!

5/ au sud du lac Ladoga

Manstein est chargé de s'emparer de Leningrad,
n.b. grâce à "orchestre rouge", Staline en est informé avant même Manstein!
devant ce danger, Staline lance une offensive avec 300 chars
en août 1942 et au lieu de pouvoir s'occuper de Leningrad,
Manstein dut faire façe à ces offensives
qui furent toutefois arrêtées avec de lourdes pertes pour les russes
il fallut néanmoins reconstituer les unités allemandes
et en novembre quand l'offensive sur Leningrad put reprendre,
il y eut la catastrophe de Stalingrad qui mit fin aux plans offensifs sur Leningrad

en janvier 1943, la LXVIIème armée russe essaye à nouveau
une percée depuis Leningrad avec l'appui de la flotte rouge
et la 2ème armée blindée russe s'élance depuis le front oriental
à la rencontre de la LXVIIème armée
>> p. 182 les "ratch-boums" = canons russes à tout faire au tir rasant

les offensives de chaque côté se jouent à peu de chose près,
les russes ont l'avantage du nombre, les allemands l'avantage technique et tactique,
Tigres contre T34, les russes lancent toutes leurs réserves

6/ entre Volkhov et Schlusselburg

à la guerre, chance et malchance se suivent souvent de bien près!

à Donbrovka, les russes sont tenus en échec,
mais le 15.1.1943 ceux-ci sont sur le point de se rejoindre à Poselok,
seul le point d'appui P5 entre le nord et le sud résiste encore,
il tombera le 18.1.1943 et les forces du nord sont obligées
d'opérer une retraite vers une nouvelle ligne au sud

les russes ne purent toutefois s'emparer que d'une mince bande de terrain
au sud du lac Ladoga ce qui leur permettait toutefois
d'améliorer le ravitaillement de Leningrad malgré le feu de l'artillerie allemande,
le blocus était rompu et ne devait plus jamais être rétabli

l'importance de Leningrad:
- forces finlandaises et allemandes empêchées de se rejoindre
(de plus à l'ouest de Leningrad, 12 divisions soviétiques résistaient encore
dans la péninsule d'Oranienbaum et pouvaient communiquer
avec Leningrad via Kronstadt dans le golfe de Finlande
- de larges forces allemandes étaient immobilisées autour de Leningrad,
surtout du côté finlandais, ces forces auraient pu être utilisées
pour une offensive sur Mourmansk, ce qui aurait pu arrêter le ravitaillement américain
- effet psychologique sur le moral russe par la résistance et l'interruption du blocus

finalement, les forces allemandes seront dès lors toujours placées sur la défensive,
car il n'y avait plus de réserves stratégiques pour contre-attaquer
ou repousser les attaques massives des soviets
dans tous les secteurs d'un front qui s'étendait
de la mer de Glace à la mer Noire

7/ Demiansk

à 150 km au sud de Leningrad se trouvait une poche en forme de champignon
avec à la base une largeur de 14 km contenant 100'000 hommes
cette poche interrompait les liaisons ferroviaires entre Lenngrad et Moscou
et ses hauteurs statégiques formaient une base de départ idéale
pour une nouvelle offensive sur Moscou,
si cette poche cèdait, les russes pouvaient déboucher
sur les arrières des groupes d'armée nord et centre
finalement, la poche fut encerclée et ce fut le premier pont aérien de l'histoire (1941/1942)
au printemps 1942, l'encerclemenet fut brisé
et un couloir communicant pu être établi avec Demiansk

l'offensive russe massive commandée par Timochenko
avec 4 corps d'armée et 500 chars se déclancha en hiver 1942/43,
mais contrairement à Stalingrad, ce fut un échec pour les soviets
malgré que la victoire leur semblait assurer,
les russes ayant provisoirement la maîtrise de l'air
et les positions allemandes étant plutôt faibles et sans réserves

les troupes allemandes de Demiansk allaient être submergées,
c'est alors que le groupe nord détacha 3 divisions du front de Leningrad
pour arriver sur les arrières russes à Demiansk,
toutefois cet affaiblissement sur le front nord permit aux russes
de rétablir une meilleure communication entre Leningrad et leur front oriental

partout les fronts manquaient d'hommes
et les opérations arrivaient soit "trop peu" soit "trop tard"
toutefois grâce à l'arrivée de renforts allemands,
à une bonne coordination entre les défenseurs
ainsi qu'une utilisation judicieuses des chasseurs de chars,
la poche de Demiansk résista
mais chaque partie aura eu env. 10'000 pertes
et les russes 420 chars détruits
malgré tout, la poche fut évacuée en bon ordre à mi-février (operation Ziethen),
une retraite admirablement organisée

8/ opération Buffle

Rjev, autre glacis de départ pour une offensive sur Moscou (à 280 km)
fut aussi l'enjeu de nombreux combats

octobre 1941, cette ville sur la Volga est occupée par les allemands,
elle fut défendue et tenue durant 4 batailles d'hiver et d'été
par le général Model, stratège défensif reconnu
en février 1943, il fallut pourtant battre en retraite
sur un nouveau front raccourçi de 300 km,
ce fut l'opération Buffle,
250'000 soldats et 60'000 civils-collaborateurs avec leur matériel
durent être déplacés et cela sous une forte pression russe,
ce fut une aventure colossale
>> p. 280 les mines "jardins du diable" pour protéger la retraite

9/ Velikie Luki

c'était la forteresse des marais qui contrôlait
les routes entre Leningrad, Kiev et Moscou vers la Russie Blanche et la mer Baltique,
ce fut un petit Stalingrad,
seuls quelques hommes purent échapper à l'enfer de Velikie Luki
après s'être farouchement défendus

après la guerre en 1946, par vengeance les russes
firent comparaître les derniers défenseurs-survivants de Velikie Luki
devant un conseil de guerre qui condamna un homme de chaque grade
ayant participé aux opérations de Velikie Luki à la pendaison
et les autres à 20 ans de réclusion,
seuls 11 hommes retournèrent en Allemagne en 1953

>> un compte-rendu exeptionnel des combats
effectués sur le front russe après Stalingrad,
des détails tout à fait intéressants
et un développement des opérations bien expliqué avec cartes à l'appui
mais l'auteur prend - malgré une attitude soulignée de neutre -
quelque glorification des soldats allemands
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