Sebastopol à Paris

série: 2nd WW Russie
éditeur: J'Ai Lu
auteur: Choltitz général von
classement: biblio2C
année: 1969
format: broché, collection bleue
état: TBE/N
valeur: 6 €
critère: **
remarques: de Sébastopol à Paris
récit du général Dietrich von Choltitz
à qui Hitler avait demandé de détruire Paris
entre le 17 et 24.8.1944
titre original du lilvre: Soldat unter Soldaten


Dietrich Von Choltitz (1894-1966)
il a en particulier commandé le 84e corps d’armée en Normandie,
puis a été très brièvement gouverneur militaire
du Grand Paris (Groß Paris) au moment
de la libération de la ville en août 1944,
il a été emprisonné dans un camp pour officiers généraux
dès septembre 1944 en Angleterre
où ses conversations ont été écoutées

Hitler, dans un accès de rage, lui aurait téléphoné
en demandant si Paris brûlait "brennt Paris?"
Choltitz avait pris la précaution de mettre sa famille
à l'abri des représailles collectives familiales,
il tenta de protéger les auxiliaires féminines allemandes à Paris,
Dietrich von Choltitz est relâché par les Alliés en 1947,
il publie ses mémoires en 1950 (un soldat parmi les soldats)
n.b. il a été toutefois prétendu que ce serait en fait
l'insurrection seule qui aurait garanti que le forfait
de la destruction de Paris ne puisse se commettre

Prélude
- alors que les grandes villes d'Europe s'écroulaient
comme des châteaux de cartes, une protection surnaturelle
avait valu à la ville Lumière un destin moins cruel
que celui qu'elle aurait pu redouter
- le Führer avait donné les consignes suivantes:
lorsque le Reich sera appelé à abandonner Paris,
il ne devra laisser derrière lui qu'un amas de ruines
où toute trace d'existence aura cessé

- louange de Pierre Taittinger (1867-1965),
pétainisme convaincu (il défendra
la mémoire du maréchal Pétain après la guerre,
ancien président du conseil municipal de Paris en 1944,
il s'efforça de défendre la ville de Paris auprès du général Von Choltitz
dont par la suite il qualifia d'adversaire chevalresque
de la lignée des Rommel
>> p. 8 il décrit comme suit Von Choltitz lors de sa première rencontre:
sanglé dans son uniforme de général de la Wehrmacht,
le teint doré, le monocle à l'oeil, il portait
sur sa culotte de cheval les traditionnelles bandes rouges
du haut commandement militaire

mémoires de Von Choltitz
1/ formation de la Reichswehr en temps de paix

- après la première guerre, l'autorité de l'armée
fut dévouée au maréchal Hindenburg, puis par la suite
Von Choltitz devint un partisan d'Hitler,
mais le vrai chef de l'armée fut alors Von Seeckt
>> p. 25 la guerre considérée comme un pénible destin
imposé aux nations et aux soldats, mais une guerre sans haine

- le traité de Versailles suscitera un mouvement de nationalisme
et l'armée était indignée par les clauses sévères du traité
- le couloir polonais entre l'Allemagne et la Prusse
était notamment une cause de discorde intense

2/ armée et nationalisme

- la nomination d'Hitler par Hindenburg comme chancelier du Reich
le 31.1.1933 à Potsdam allait tout changer,
durant les guerres intérieures (communistes, chemises brunes et SS),
l'armée demeura plus ou moins passive,
toutefois elle fut consciente de l'amélioration
des conditions sociales apportée par Hitler
- réarmement de la Wehrmacht et les succès politiques d'Hitler
- la plupart des généraux
et 90% du peuple allemand ne voulait pas de la guerre

3/ la guerre éclate

>> p. 43 en 1937, formation du premier régiment aéroporté
>> p. 50 l'opération Hollande pour sauvegarder
les ponts de Rotterdam

4/ début de l'offensive de Russie
- débuté le 17.12.1941, la forteresse de Sébastopol,
la plus grande forteresse du monde, est conquise le 30.6.1942
- hommage au peuple russe qui n'est pas considéré
par Choltitz comme une race inférieure
- le soldat allemand croyait (ou on lui faisait croire)
que les russes préparaient une offensive contre l'Allemagne
et l'armée allemande n'avait fait que les prendre de vitesse
- les allemands avaient projeté une opération aéroportée
sur le canal de Suez en cas de percée à El Alamein

6/ chef de division en Russie
- Choltitz est nommé général et reçoit sur l'ordre d'Hitler
le commandement d'une division,
il participe indirectement à l'offensive sur Stalingrad
dont les flancs sont affreusement dégarnis
-Choltitz se rend compte du moral très bas des troupes sur le front russe
>> p. 120 l'attaque des souris sur des chars allemands enterrés

- hommage au soldat allemand par Choltitz,
au début, la retraite de Russie s'effectua de façon ordonnée,
sans grandes pertes et même la population russe (d'Ukraine?)
reculait avec les allemands devant l'arrivée de l'armée rouge

- l'opération Citadelle (Koursk) échouera par manque de moyens,
en outre les russes avaient eu connaissance des plans allemands,
de plus, les services à l'arrière commençaient de se disloquer

>> p. 137 description du grand état-major allemand
et surtout des relations d'Hitler avec ses généraux

- le canon d'assaut comme soutien de l'infanterie (anti-char)
pour remplacer les chars utilisés dans les divisions blindées
>> p. 153 les services à l'arrière
- les Hiwi, des soldats auxiliaires russes servant
dans les services de l'arrière

7/ le débarquement allié
- la valeur du soldat allemand déclinait de plus en plus
car il n'y avait plus la régénération nécessaire
pour compléter les effectifs, de plus l'équipement manquait
- les troupes SS étaient les mieux équipées et bénéficiaient
de la priorité pour le ravitaillement
- le pire, c'est que personne n'osait
discuter sérieusement de ces problèmes avec Hitler

- après un commandement en Italie, Choltitz prend
le commandement du 25ème groupe d'armée en Normandie (Cotentin)
alors que le débarquement allié avait déjà eu lieu
et qu'il ne pouvait plus être repoussé

- Cherbourg tombe le 26.6., les allemands manquent de tout
(munitions, armes de tout genre, pas d'aviation ni de marine)
et en plus la méfiance d'Hitler envers ses généraux
se révèle catastrophique pour les combattants des fronts

-Choltitz défend quelque peu les officiers responsables
de l'attentat contre Hitler bien que les officiers
étaient liés par leur serment, toutefois Choltitz prétend
que des personnages importants de l'industrie et de l'économie,
souvent en contact direct avec Hitler auraient pu
aussi fomenter un attentat contre Hitler
(mais comment des civils auraient pu le faire
sans le concours de l'armée? note du lecteur)

- après des attaques aériennes en piquée
atteignant une intensité inimaginable,
les alliés réussiront la percée d'Avranches

- à nouveau, sévère critique aux services de l'arrière
- Choltitz n'était pas loin de penser qu'il fallait arrêter les combats
vu la suprématie en hommes et en matériel de l'adversaire
(surtout la maîtrise de l'air qui était totale),
mais critique aussi à Roosevelt et Eisenhower

- par la suite, Choltitz fut convoqué par Hitler qui voulait faire
sa connaissance avant de le nommer gouverneur de Paris

8/ Paris
- dernière et grave décision à prendre par Choltitz
- le 20.7.1944 avait vu la déségration de la Wehrmacht,
700 officiers parmi eux 26 généraux payèrent de leur vie
la tentative trop longtemps différée de se débarrasser de Hitler
(mais pas de tentative par Choltitz, note du lecteur)
- fallait-il encore sacrifier de pauvres soldats
pour une cause devenue sans espoir?
- 7.8. 1944 rencontre avec le Führer
>> p. 204 la fascination qu'exercait Hitler sur son entourage,
mais Choltitz se trouva maintenant en façe d'un fou

- Choltitz est nommé commandant en chef des troupes
de la Wehrmacht du "Gross Paris" dès le 9.8.1944
mais il reste sous l'autorité du maréchal Von Kluge,
encore commandant de la Wehrmacht Ouest
>> p. 206 les directives d'Hitler pour Paris,
notamment des représailles collectives
>> p. 213 les troupes insignifiantes dont disposait Choltitz
>>p. 214 Paris en ruine aurait retenu plusieurs divisions
qui auraient fait défaut dans l'immédiat pour continuer à progresser
vers l'Allemagne (mais Eisenhower n'avait pas prévu de s'emparer de Paris)

- les plans de destruction furent mis en place
mais leur exécution dépendait uniquement de Choltitz
(selon la résistance à ce moment, Choltitz n'aurait
même plus eu les moyens de détruire Paris)
>> p. 220 première rencontre avec Nordling, consul général de Suède,
surnommé le gentleman de Paris
et avec le délégué suisse de la croix rouge internationale,
le consul suisse Naville
>> l'intention de Choltitz: tenter l'impossible
pour sauver Paris de la destruction

- le 17.8. les alliés s'emparaient de Chartres,
Von Kluge est remplacé par le maréchal Model
>> p. 222 la lettre de Von Kluge à Hitler

- le 17.8. le ravitaillement de Paris soulevait
déjà un grand problème

- le 19.8. la résistance commence l'insurrection dans Paris,
mais Choltitz contrôle toujours assez bien la ville
malgré plusieurs attentats qui restent toutefois bien isolés,
le consul Nordling arrange une trêve qui n'est d'ailleurs peu respectée
- l'ambassadeur allemand Abetz commence à évacuer
le gouvernement de Vichy en plein accord avec Choltitz

- le 22.8. l'ordre d'Hitler de transformer Paris en ruine
pour y établir une ligne de défense jusqu'à la mort
- Choltitz dément avoir reçu le téléphone de Hitler
demandant "brennt Paris?"
- par contre, Choltitz essaie de contacter les émissaires de De Gaulle
par l'entremise du consul Nordling

- au soir du 23.8. aucune retraite allemande de Paris
n'était plus possible car les alliés
encerclaient complètement la capitale
et les communications téléphonique ne fonctionnaient plus
- le 24.8. au soir les forces franco-américaines pénètrent dans Paris

- le général Speidel est arrêté pour ne pas avoir exécuté
les ordres de Hitler de lancer des V1 sur Paris
- Choltitz met les stocks de vivres détenus par l'armée allemande
à la disposition de la croix rouge internationale
- le lendemain, 25.8. à 14.00 heures après un baroud d'honneur
à l'hôtel Meurice, Choltitz se rend à un officier français,
il est reçu par Leclerc puis emmené vers l'Angleterre

9/ captivité et retour au pays
- selon Choltitz la Wehrmacht traitait bien ses prisonniers
>> p. 262 la reddition inconditionnelle réclamée par Roosevelt
enlevait à l'Allemagne sa qualité de personne juridique,
il s'ensuivit une situation qui sembla donner raison
aux prévisions de Hitler selon lesquelles le peuple allemand
deviendrait la victime d'une volonté de destruction impitoyable
- le peuple allemand était livré au pur pouvoir arbitraire
de son adversaire et en France, les prisonniers allemands
furent aussi mal traités que ceux qui avaient été internés
dans les camps de concentration
(que dire alors des prisonniers allemands en Russie note du lecteur)


10/ regards sur le passé et perspectives d'avenir
- selon Choltitz, éclaircissements sur l'histoire de l'Allemagne,
différence entre le sud et le nord,
l'empire allemand qui ne date que depuis 100 ans,
avec Napoléon, son germe avait été semé
- contrairement aux territoires immenses des Etats-Unis,
l'Allemagne est à l'étroit dans ses frontières
- Frédéric-Guillaume Ier fut le créateur de l'état fort de Prusse
grâce à sa politique de bien-être envers le peuple
mais en lui demandant par contre une fidélité absolue
- le national-socialisme s'est servi de cet esprit prussien
pour organiser une dictature absolue et mal engagée

- et après la guerre, Choltitz est déjà de l'opinion qu'il faudra
réunifier l'Allemagne maintenant divisée en deux

- honneur (surtout au soldat allemand) qui est devenue
partie intégrante d'un peuple
mais Hitler a fait du soldat allemand bien discipliné
un élément de sa politique néfaste,
toutefois une armée ne peut exister
sans une obéissance inconditionnelle
- la situation morale du soldat allemand en 1939:
il ne pouvait pas désobéir!

- discussions sur les limites de l'obéissance:
lorsqu'il faut commettre des actes criminels, par exemple:
bombardements des villes à outrance sur les civils,
fusiller des terroristes combattant contre l'occupant
- la destruction des juifs était bien sûr un acte criminel

- réflexions sur l'attentat du 20.7. sur Hitler,
cet attentat était justifié car Hitler avait perdu le droit de commander

- en 1939, le peuple allemand n'était pas mûr
pour accepter un renversement d'Hitler
bien que le peuple ne voulait pas la guerre
- mais l'Allemagne d'après-guerre ne peut quitter
le chemin de l'Europe sans être punie

>> le récit de Choltitz est assez intéressant,
mais on se rend compte de suite
que Choltitz n'est pas un écrivain,
c'est presque un récit sous la forme de rapports militaires
et bien sûr le récit ne correspond pas du tout au film "diplomatie"
tourné en 2014 par Volker Schlöndorff qui dramatise beaucoup
le rôle et la décision prise par Choltitz,
en fait selon le récit de Choltitz, celui-ci
n'a jamais vraiment eu l'intention de détruire Paris,
il prenait même Hitler pour un fou
(ce qui n'est pas mentionné dans le film)
>> voir aussi dans cette optique le livre "Paris brûle-t-il"
par Lapierre+Collins publié en 1964
(mais pas le film qui est un peu trop théâtralisé)

annexes
- couverture du livre
- von Choltitz avec son monocle
- carte de la Crimée
- le mortier Carl au siège de Sébastopol
- la reddition de Von Choltitz
couvertures:
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