Tsoushima

série: Histoire (Moderne)
éditeur: Flammarion
auteur: Thiess Frank
classement: biblio2B
année: 1943
format: broché, avec jaquette
état: TBE
valeur: 8 €
critère: ***
remarques: Tsoushima, guerre russo-japonaise 1904
une poignante épopée de la mer

préface: hommage à l'amiral Rojetsvensky

1/ politiciens et soldats

- 1894, conflit entre la Chine et le Japon dont l'enjeu était la Corée,
la guerre se termine par la victoire du Japon au traité de Shimonoseki
qui reçoit Port Arthur, Formose, quelques autres petites îles
et l'assurance sur l'indépendance de la Corée
qui tombe sous l'influence du Japon
- développement de la nation nippone qui se modernise

- le Japon se heurte alors à la politique expansionniste de la Russie
qui établit un port fortifié sur le Pacifique:
Vladivostock = maîtresse de l'Orient;
- celui-ci restait toutefois enfermé par les détroits japonais
de Pérouse, Tsougari et Tsoushima

- la Russie obtient toutefois la restitution et l'occupation de Port Arthur
situé dans la Mer Jaune et donc mieux positionné que Vladivostock,
puis, suite au soulèvement des boxers, l'armée russe occupe
une partie de la Chine du Nord dont notamment la Mandchourie

- en 1902 alliance du Japon avec l'Angleterre
- le gouverneur de Port Arthur E. Alexeieff est un incapable
et malgré ses bonnes intentions,
les négotiations nippo-russes sur la Mandchourie et la Corée échouent,
rupture des relations diplomatiques en 1904

- première offensive navale nippone sur Port-Arthur,
les japonais débarquent en Corée,
deux jours après, la flotte russe avait déjà perdu sept grosses unités,
mais Petersbourg ne prend toujours pas cette guerre au sérieux

- le général Kouropatkine, ministre de la guerre,
prend le commandement des opérations militaires
mais il est mal entouré par des chefs rétrogrades
qui n'arrivent pas à adapter l'armée russe à la guerre moderne
(TSF, mitrailleuse, obus percutants, etc)
et qui de plus négligent leur allié chinois

- l'amiral Makaroff (bon papa),
un chef énergique, capable et aimé de ses hommes
est nommé chef de la flotte d'Extrême-Orient
- le 10.3.1904 l'amiral japonais Togo attaque Port-Arthur avec sa flotte
qui bombarde le port à distance,
Makaroff réussit à repousser l'ennemi avec sa flotte
qui devient "fleet in being" (escadre en puissance)

- le 12.4.1904, lors d'une bataille navale près de Port-Arthur,
le croiseur-amiral Petropavlosk saute sur une mine
entraîant avec lui l'amiral Makaroff,
le destin avait basculé en faveur du Japon

- le vice-amiral Skrydloff devient le successeur de Makaroff,
mais il est basé à Vladivostock tandis qu'à Petersbourg,
on s'achève à former une flotte qui partirait comme renfort en Extrême-Orient,
ce serait la deuxième escadre du Pacifique
- en apprenant cette nouvelle,
les japonais décident de s'emparer à tout prix de Port-Arthur

- de nombreuses difficultées attendent cette 2ème escadre
(40 navires avec 10'000 hommes),
notamment le ravitaillement en charbon, les tempêtes et les avaries
qu'il faut réparer en cours de route
- toutefois, la flotte japonaise a aussi subi des pertes et doit réorganiser sa flotte,
le moment est donc bien choisi pour l'arrivée de la 2ème escadre au Pacifique

- Port-Arthur résiste toujours mais les rivalités entre généraux russes
causent beaucoup d'incertitude et de faiblesse,
la flotte russe tente à nouveau une sortie mais leur commandant Witheft hésite
et la fait rentrer à sa base peu après
- lourde erreur et manque d'audace, toutefois la stratégie de Witheft
n'est pas complètement indéfendable: sa flotte manque d'artillerie
(utilisée pour la défense des forts de Port-Arthur),
de charbon et d'armement moderne,
finalement le tsar ordonne la sortie de la flotte russe qui doit rejoindre Vladivostock

- le 10.8.1904 la flotte russe quitte Port-Arthur (20 navires),
après une contre-attaque efficace,
celle-ci est de nouveau prise à part par la flotte nippone
qui tire avec de nouveaux obus à fragment incadescent et à gaz toxique
(les premiers de ce genre)
- la chance est du côté japonais qui réussit à couler le croiseur-amiral Cesarevitch
avec le commandant Witheft ce qui cause le désordre et la retraite de l'escadre russe,
ce sera la bataille de Chantung
- aucun navire n'arrive à rejoindre Vladivostock et seuls 9 navires
réussissent à retourner à Port-Arthur

2/ l'épopée d'une escadre
- le contre-amiral Zinovei Petrovitch Rojestvensky commande la deuxième escadre
qui part de Libau le 14.10.1904
- avant le départ, Rojestvensky tente de réorganiser la flotte
(exercices de tir et manoeuvres) et d'enrayer le mouvement révolutionnaire
qui gagne les équipages,
le départ de la flotte est plutôt une parade qu'une entrée en campagne
>> p. 79 les faiblesses de l'escadre
>> p. 84 portrait de Rojestvensky
>> p. 99 dissertation sur l'homme et la machine

- première escale: Cherbourg, alerte générale dans la mer du Nord,
l'affaire de Hull où des bateaux-pêcheurs anglais sont coulés,
où des navires russes se canonnent entre eux,
mais où un torpilleur japonais est présent pour la première fois

- le ravitaillement en charbon, assuré par la Hamburg Amerika Linie,
était le plus grand problème,
incident à Vigo (Espagne) mais les russes sont bien accueillis à l'escale de Tanger
>> p. 117 les mouvements de la flotte britannique: si harmonieux et si sûrs!

- l'escadre se sépare à Tanger; une partie se dirige via le canal de Suez
(contre-amiral Felkersam), l'autre (Rojestvensky) via le Cap de Bonne-Espérance
>> p. 118 les raisons de cette scission:
on redoutait un blocage de la flotte dans le canal de Suez par les japonais!!

- escale de Dakar: amicale malgré l'avertissement français
>> p. 123 Dakar vous souhaite un bon voyage malgré l'enfer du charbonnage

- autres escales difficiles: Libreville (Gabon) et Mossamedes (Angola portugais)

- des ennuis techniques affectent souvent l'escadre
tandis que la situation à Port-Arthur se dégrade
>> p. 127 les charbonniers allemands toujours fidèles aux rendez-vous
>> p. 132 le siège de Port-Arthur

- le 6.12.1904, le fort de la montagne Haute qui défend Port-Arthur tombe,
l'escadre russe dans le port est anéantie

- le 11.12. la 2ème escadre atteint Angra Pequena dans la baie de Luderitz (Namibie)
>> p. 139 une tempête accroche les navires et rend le charbonnage impossible

- prochaine escale: Ste-Marie de Madagascar le 29.12.1904
où Rojestvensky apprend la chute de Port-Arthur
et le départ de Libau d'une troisième escadre pour rejoindre la deuxième escadre
(composée de tous les navires que Rojestvensky avait refusé d'emmener)

3/ le parvis de l'enfer
- Diego Suarez à la pointe de Madagascar est le point de ralliement des deux divisions
de la 2ème escadre, mais Rojestvensky qui prévoyait être à Vladivostock vers mi-février
est maintenant assigné à Nossi Be, port peu favorable, au nord-ouest de Madagascar
pour y attendre la 3ème escadre

- capitulation de Port Arthur le 2.1.1905,
Rojestvensky se sent trahi par ceux de Petersbourg
>> p. 151 la discipline et la foi sont la base de toute réussite militaire

- Rojestvensky réorganise à nouveau la flotte et décide de continuer
sans attendre la 3ème escadre; le départ est prévu pour le 20.1.
mais les charbonnistes allemands ont reçu l'ordre
de ne plus ravitailler la flotte dans l'Océan Indien,
cet ordre sera annulé quatre semaines plus tard!

- la révolution commence en Russie, Rojestvensky tombe malade,
>> p. 169 mention de sir Basil Zaharoff, le maître souverain de l'industrie de guerre

- la 3ème escadre commandée par Nébogatoff quitte Libau le 12.3.1905,
nouvelle défaite russe sur le front terrestre à Kharbine (Mandchourie),
l'armée russe est corrompue,
le 22.1.1905 dimanche rouge à Petersbourg (émeute réprimée)

- le grand duc Alexandrowitch, despote cruel et cynique, prend les rênes du gouvernement,
c'est le début de la terreur blanche , il est assassiné le 17.2.1905,
la défaite russe est imminente
mais le tsar compte encore sur une victoire de la 2ème escadre en Orient
>> p. 172 la preuve que les incapables sont malgré tout récompensés (exemple de Klado)

- la 2ème escadre partie le 16.3. de Nossi Bé, rencontre de nouveaux obstacles:
l'ennui des équipages, le charbonnage en plein océan, les avaries des machines
le 2.1.1905 Port-Arthur avait capitulé
(40'000 russes et 50'000 japonais y avaient trouvé la mort)

- Rojestvensky s'engage par surprise dans le détroit de Malacca le 5.4.1905
et échappe à Togo qui l'attendait dans le détroit de la Sonde,
le courage de Rojestvensky est maintenant salué par toute la presse internationale
- escale à Kam Ranh Bay en Indochine française,
Togo manque à nouveau sa rencontre avec l'escadre russe

- un retard inattendu de l'Alexandre III réduit à néant le plan d'attaque rapide
de Rojestvensky sur Vladivostock,
ses navires sont obligés de s'attarder à Kam Ranh Bay, l'enfer sur terre,
mais la 3ème escadre de Nébogatoff rejoint celle de Rojestvensky le 10.5.1905

4/ la bataille

- le 9.5.1905 l'escadre est prête à quitter Kam Ranh Bay
>> p. 226 description de Togo et de ses chefs militaires: Oyoma et Nogui

- prochaine escale: les îles Liou Kiou au sud de Formose
où se déroule le dernier chargement de charbon,
Rojestvensky se dirige vers Tsoushima, mort de Felkersam

- le 27.5. à 6 heures du matin, l'escadre russe est repérée par Togo,
la flotte japonaise rencontre les russes par babord avant
sur une ligne parallèle à ceux-ci et leur coupe la route tout en les canonnant,
les japonais concentrent leur tir sur les navires-amiraux Osliaba et Souvoroff
où se trouvent resp. Felkersam (mort) et Rojestvensky
>> p. 253 description des obus japonais

- le premier affrontement voit l'escadre russe décapitée,
une deuxième bataille reprend vers 5 heures du soir,
la division Rojestvensky est pratiquement anéantie

- le lendemain, l'escadre de Nebogatoff,
qui avait esquivé le feu ennemi, est prise à parti,
Nébogatoff hisse le pavillon de reddition,
les autres navires russes dispersés
sont coulés les uns après les autres par la flotte japonaise,
seuls le Grosny, le Bravy et l'Almaz réussiront à rejoindre Vladivostock

- l'amiral Rojestvensky, gravement blessé, sera fait prisonnier
sur le navire Biedovy dont le commandant Baranoff est un pleutre

- les russes ont 21 navires coulés,
les japonais n'enregistrent que 3 torpilleurs perdus

- le Japon a gagné, il est le maître de l'Extrême-Orient,
la paix est signée avec la Russie à Portsmouth (USA)
mais le Japon n'y gagne pas grand chose à part la main-mise sur Port-Arthur,
une partie des îles Sakhaline et son protectorat
sur la Corée et une partie de la Mandchourie

>> un livre magistral, un récit bien développé et surtout un hommage
à l'héroïsme russe dont Rojestvensky a su reproduire
et surtout réaliser un exploit encore plus prestigieux que Hannibal,
n'ayant qu'un équipage démoralisé (contrairement à Hannibal)
montrant un courage et un effort de volonté extraordinaire
bien que son exploit reste moins connu

- une page d'historie très intéressante
et qui aura précipité la révolution bolchévique


Information
libéré en novembre 1905, Zinovi Petrovitch Rojestvensky revint à Saint-Pétersbourg,
sa blessure étant bénigne, il put reprendre du service
et son innocence fut reconnue après diverses procédures judiciaires,
5 000 marins avaient perdu la vie à la bataille de Tsushima,
en conséquence, les journaux et le peuple russe désignèrent Rojestvenski
comme seul responsable de cette tragédie,
son nom resta à jamais lié à la guerre russo-japonaise et à la bataille de Tsushima,
en février 1906, il dut démissionner de son poste de directeur général de la marine,
sa carrière militaire prit fin, il tenta de justifier les décisions
qu'il avait prises à la bataille de Tsushima pendant les deux années suivantes
et, à plusieurs reprises, critiqua les autorités russes de l’Amirauté

Rojestvensky tomba gravement malade pendant l'été 1908
et décéda d'une crise cardiaque, le 14 janvier 1909 à Saint-Pétersbourg,
il fut enterré au cimetière du monastère Alexandre Nevsky

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