Fouché

série: Histoire (Empire)
éditeur: Poche
auteur: Zweig Stefan
classement: biblio2B
année: 1973
format: broché
état: TBE/N
valeur: 6 €
critère: **
remarques: Joseph Fouché, le génie ténébreux
(1759-1820 à Trieste, alors possession autrichienne),
Fouché est particulièrement connu pour son implication
dans la répression violente de l'insurrection lyonnaise
en 1793, et pour avoir été ministre de la police sous
le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Seconde Restauration


- Fouché, duc d'Otrante, portrait d'un intrigant,
l'égal de Talleyrand, le disciple de Machiavelli,
il est possédé par le démon du jeu politique,
mais méprisé par ses contemporains
n.b. étude plus poussée sur Fouché par Louis Madelin
qui est le premier à avoir abordé, de manière
scientifique, la vie et la carrière de Fouché


1/ la montée vers l'autorité (1759-1793)
- d'abord portant l'habit ecclésiastique, Fouché
ne s'engagera jamais à fond dans cette voie,
en tant que demi-prêtre, il devient enseignant
et apprend par là l'incomparable discipline
de la domination de soi-même

- en 1792, à 32 ans, Fouché est élu député de Nantes
à la Convention (750 représentants) où se trouve
deux puissances: les Girondins (le marais, la plaine,
en bas de l'hémicycle) et les Jacobins (la montagne,
en haut de l'hémicycle) qui font l'équilibre

- le 16.1.1793 chaque représentant doit voter à la tribune
par voix ouverte pour ou contre l'exécution du roi,
sous l'influence du peuple, la majorité votera
la mort de Louis Capet et Fouché sera du nombre

- pour échapper momentanément aux affres politiques,
Fouché se fait nommer inspecteur des provinces,
car le rythme de la révolution à Paris ne s'accorde
pas toujours avec celle des provinces
- cette fonction donne à Fouché des pouvoirs importants
comme commissaire du peuple, mais il sera aussi
obligé de rendre des comptes à ses supérieurs de Paris
>> p. 58 les instructions révolutionnaires formulées
par Fouché (de tendance très communiste contre
les grands propriétaires et l'église catholique)
- il est alors considéré à Paris comme
un fervent révolutionnaire



2/ le mitrailleur de Lyon (1793)
- l'un des épisodes les plus sanglants de la Révolution
fut la révolte de Lyon, sous l'impulsion de Joseph Chalier,
disciple de Marat et de Rousseau, qui ne veut pas
se soumettre à la Convention, Chalier est toutefois exécuté
par la bourgeoisie qui veut faire de Lyon une ville autonome
- la Convention envoie des troupes, la révolte
est balayée, mais Paris veut faire un exemple
et punir la ville de Lyon, Collot d'Herbois et Fouché
sont chargés de l'exécution du décret contre Lyon (11-1793)
>> p. 85 la messe noire de Lyon suivie par une
Saint-Barthélémy lyonnaise où 2000 personnes
seront mitraillés avec des canons, Fouché en est
le grand responsable et sera appelé le mitrailleur de Lyon

mais quand Robespierre fait cesser cetter violence,
Fouché fait sa soumission et se range du côté
de la majorité, le 6.2.1794 les exécutions cessent


3/ la lutte contre Robespierre (1794)
- l'Incorruptible veut se défaire d'une centaine
de ses adversaires dont Danton et Desmoulins
>> p. 109 le duel entre Robespierre et Fouché
reste un épisode captivant, émouvant ainsi
que mystérieux de la Révolution
>> p. 110 description de Maximilien de Robespierre
(par la suite, il laissera tomber le "de")

- l'animosité entre Fouché et Robespierre résulte
peut'être suite à l'opposition de Robespierre
au mariage de sa soeur Charlotte avec Fouché, toutefois
tous deux se connaissaient bien et fraternisaient
ayant passé leur adolescence dans la région de Nantes

- à force de ruse et d'instigation, Fouché réussit
à se faire nommer président du parti des Jacobins,
ce qui ne plait pas à Robespierre qui le fait destituer,
Fouché semble alors perdu, mais curieusement
Robespierre se déintéresse alors de Fouché
qui complote contre lui dans l'ombre

- le 8 thermidor (25 juillet) 1794, Robespierre
fait un grand discours et accuse ses adversaires
(montagnards et anciens dantonistes) sans toutefois
désigner les noms des personnes accusées, mais
son discours n'est plus aussi bien acclamé qu'auparavant
- le 9 thermidor, empêché de parler à la tribune
par ses adversaires, il est arrêté avec son frère
Augustin, Saint-Just et Couthon, tous seront
guillotinés le 10 thermidor,
ce sera l'heure de triomphe pour Joseph Fouché

- l'exécution de Robespierre, acclamée par le peuple,
met fin à la Terreur, ses successeurs, les thermidoriens,
dont Tallien et Barras sont les nouveaux dirigeants,
quant à Fouché, il reste dans l'ombre, mais complote
à nouveau avec Babeuf, un anarchiste, homme de paille
qui payera plus tard pour Fouché

- le 22 thermidor (juillet) 1795, Fouché est mis
en accusation pour ses actes de terrorisme à Lyon,
il s'en sortira, mais durant trois ans, il ne se mêlera
plus de politique, c'est l'exil avec la misère



4/ ministre du directoire et du consulat (1799-1802)
>> p. 158 dissertation sur l'exil, passage presque
obligé pour les grands hommes d'état

- Fouché devient l'informateur de Barras, président
du directoire et en France l'argent revient
>> p. 164 la situation économique en 1795
- et Fouché en profite comme intermédiaire grâce
à ses bonnes relations avec Barras dont le plus grand
adversaire est l'honnête Carnot qui sera évicté par
Barras lors du coup d'état du 18 fructidor (septembre) 1797

- en 1798, Fouché devient représentant de la France
en république batave et grâce à son habilité
en 1799 est nommé par Barras ministre de la police
- Paris est stupéfait, mais Fouché le caméléon
a changé avec sa consigne: ordre, paix, sûreté
et un de ses premiers actes est de dissoudre
le club des jacobins trahissant ainsi ses ancients camarades

- Fouché, non seulement surveille maintenant le bas peuple,
mais aussi le haut dans le cercle de ses supérieurs,
il bâtit un appareil de contrôle efficace
tout à son avantage personnel

- Bonaparte est maintenant l'étoile montante, mais
il est encore en Egypte et déjà Fouché est renseigné
sur son retour par ses agents dont fait partie
une certaine Joséphine de Beauharnais
- le 11.10.1799 Bonaparte débarque à Fréjus et
est acclamé par la population et Fouché qui pressent
la direction du vent n'avertit pas ses supérieurs
du complot dirigé contre le directoire par Bonaparte

>> p. 192 première rencontre entre Fouché et Bonaparte
qui reconnait en Fouché un personnage important
- et lors du coup d'état du 18 brumaire (novembre 1799),
Fouché à son habitude reste dans l'ombre attendant
la fin des évènements qui met au pouvoir Bonaparte
comme premier consul et seul maître de la France
- Fouché sera surnommé la girouette de Saint-Cloud
(lieu où le conseil des Cinq Cents fut dissout
par les grenadiers de Bonaparte)

- le grand perdant sera Barras, trahi à la fois par
Fouché et par Bonaparte qui avaient tant profité de Barras
- entre Fouché et Bonaparte, ce sera l'entente
parfaite, du moins jusqu'à la défaite (1er message)
et la victoire (2ème message) de la bataille de Marengo
lors de laquelle la position de Fouché était restée indécise

n.b. autant Fouché est méprisé autant Bonaparte
jouit d'un traitement de faveur par Zweig

- et lors de l'attentat du 24.12.1800 Bonaparte
traitera Fouché incapable pour ne pas avoir
su déjouer les actes des jacobins que Bonaparte
rendait responsable, ce qui n'était pas l'opinion
de Fouché et celui-ci allait découvrir les vrais
responsables: les chouans et royalistes,
Bonaparte dû reconnaître son erreur et son estime
pour Fouché, mais pas sa fidélité ni son affection

>> p. 220 les rois n'aiment pas ceux qui les ont vus
au moment de leur faiblesse et les natures despotiques
n'aiment pas davantage les conseillers, lorsque
ceux-ci se sont montrés ne fût-ce qu'une fois,
plus intelligents qu'elles

- en attendant pour ne pas brusquer Fouché,
Bonaparte nommé consul à vie mais entravé par Fouché
pour sa nomination à la monarchie, fait supprimer
le ministère de la police tout en nommant Fouché
sénateur d'Aix, une petite principauté, et en lui
allouant des pensions et autres ponts en or


5/ ministre de l'empereur (1804-1811)
- dans son exil doré, Fouché, le sénateur, est devenu
très riche et un des plus grands propriétaires
fonciers du pays, mais le jeu de la politique l'attire
toujours et il entretient des relations secrètes
avec le premier consul
- et Napoleon commet des fautes tel l'affaire
du duc d'Enghien qui comme le dira Fouché
"c'est plus qu'un crime, c'est une faute"

- alors à 45 ans, Fouché est nommé ministre de
l'empereur, mais si il accepte les ordres de Napoleon,
il n'y obéira pas toujours, c'est un serviteur
peu complaisant qui sait se contrôler et qui
garde son sang-froid lors des colères de Napoleon,
car Fouché sait toujours trop de choses

>> p. 249 l'ambition démesurée de Napoleon et surtout
de ses frères (la clique corse) cause alors avec
le temps une opposition contre cette passion
>> p. 251 les deux forces contre Napoleon:
Fouché et Talleyrand, deux joueurs typiques de la
versatilité, mais qui ne s'accordent pas encore entre eux
>> p. 252 différences entre les deux personnages

- et Napoleon profitera de la rivalité de ses deux
ministres jusqu'en 1808 lors de la guerre d'Espagne
où les deux compères s'allient temporairement,
ce rapprochement inquiète Napolon qui à sa rentrée
d'Espagne fustige Fouché et surtout Talleyrand
qu'il traite de merde dans un bas de soie
>> p. 263 la réplique de Talleyrand: quel dommage
qu'un si grand homme soit si mal élevé
- Talleyrand est congédié, mais Fouché reste

- 1809, année cruciale pour Napoleon, occupé hors
de France, les anglais en profitent pour effectuer un
débarquement dans le nord de la France et en l'absence
de l'empereur, Fouché agit et repousse l'invasion,
cette action est approuvée par l'empereur qui le félicite
tout en désavouant les accusateurs de Fouché
qui sont restés passif façe au danger,
Fouché occupe maintenant le premier rang

- mais l'erreur de Fouché après cette action admirable,
c'est de ne pas s'effaçer, il continue à jouer
au chef de guerre et après une semonce de l'empereur,
il doit rentrer dans le rang, malgré tout Napoleon
le nomme duc d'Otrante avec des armoiries au motif
d'une colonne d'or enveloppée par un serpent
(ce qui correspond bien à son aspect)


6/ la lutte contre l'empereur (1810)
- mais l'ambition de Fouché ne s'éteint pas et il
veut maintenant conclure une paix avec l'Angleterre,
l'ennemi héréditaire de la France et toujours
encore invaincue, qui contrôle la mer alors que
Napoleon a établi son blocus continental en refusant
toute négociation, Fouché continuent des tractations
sans l'assentiment de l'empereur

- la machinerie de Fouché est découverte par l'empereur
et le tonnerre éclate contre Fouché, il est destitué
et Savary, duc de Rovigo prend sa place,
toutefois l'opinion publique donne raison à Fouché
pour avoir essayé de faire la paix et les cours
étrangères regrettent aussi cette destitution
>> p. 291 la lettre de renvoi rédigée par Napoleon
(tout en douceur et très tolérante)

- mais Fouché ne se satisfait pas de cette lettre
il s'arrange pour rendre sa succession compliquée
en détruisant tous ses dossiers, réalisant ainsi
une bonne farce à son substitut, la pièce est jouée,
mais l'empereur, l'homme le plus puissant de
l'univers, n'a pas appécié,
un homme de France avait cette fois tenu tête à Napoleon
qui congédie Fouché en le bannissant
- le 3.6.1810 c'est le Waterloo de Fouché et
durant trois ans, Fouché sera à nouveau en exil


7/ intermède involontaire (1810-1815)
- Napoleon au sommet de sa gloire, n'a plus besoin
de Fouché, mais vaincu en Russie, il voit sa force fléchir
et se méfiant de Fouché, il lui cherche un emploi
éloigné de Paris, Fouché reçoit le gouvernement
de l'Illyrie qu'il n'exercera d'ailleurs jamais

n.b. néphélococcygie = cité utopique aérienne
citée dans la comédie "les oiseaux" de Aristophane

- Napoléon battu à la bataille de Leipzig, Fouché
retournera finalement à Paris où Napoleon a déjà abdiqué,
Louis XVIII y règne avec Talleyrand et n'a rien prévu
pour Fouché qui est arrivé trop tard
- mais bientôt le trône de Louis XVIII vacille
et des conspirateurs apparaissent,
le 5.3.1815 Napoleon débarque à Fréjus et est
acclamé sur son chemin vers Paris, le roi s'inquiète
et rappelle Fouché qui ne veut à nouveau pas trop
s'engager et qui refuse un ministère, mais assure
qu'il va desservir l'empereur
- en attendant le roi fait arrêter Fouché qui prend
la fuite en ridiculisant la gendarmerie tandis que
Napoleon, arrivé à Paris, s'amuse du tour joué
à la monarchie


8/ lutte finale avec l'empereur
(les Cent-Jours, 1815)
- le dernier triomphe de l'empereur, mais ses grands
généraux et les dignitaires importants ne sont pas
pour l'accueillir, sauf Fouché qui arrive de suite
et qui redevient pour la 3ème fois ministre de la police,
mais il est déçu, il aurait voulu les affaires étrangères
- chacun des antagonistes recommence à se méfier
l'un de l'autre, toutefois Napoleon préfère un infidèle
à un incapable
- d'un autre côté, tout le pays ne soutient plus Napoleon,
certains veulent maintenant la paix à tout prix
alors que Napoleon pense que sa bonne étoile la quitté
et c'est Fouché qui détient maintenant la puissance,
car les ennemis de Napoleon ne veulent négocier
qu'avec Fouché, le serviteur est au-dessus de son maître
- Napoleon à Ste-Hélène dira de Fouché:
"je n'ai connu qu'un traître véritable,
un traître consommé: Fouché" alors que Fouché dira:
"ce n'est pas moi qui ait trahi Napoléon, mais Waterloo"

>> p. 363 la police secrète créée par Napoleon
pour surveiller Fouché, le ministre de la police
>> p. 366 l'entretien entre Fouché et Napoleon
qui menace de faire pendre Fouché qui répond:
"je ne suis pas de l'avis de votre majesté"
>> p. 367 l'affaire du messager qui prend la place
de Fouché pour rencontrer un émissaire autrichien
à l'hôtel des trois rois à Bâle

- il en résulte que les alliés accepteraient
n'importe quel gouvernement en France,
sauf celui de Napoleon-Bonaparte

- la dernière bataille verra cette fois la fin
de Napoleon ou celle de Fouché et après Waterloo,
le maître de l'heure n'est plus Napoleon mais Fouché
et en effet à son retour à Paris, Napoleon
n'est plus le maître du Parlement
>> p. 375 l'accusation menée contre Napoleon
par La Fayette qui avait été dédaigné et oublié
- La Fayette demande l'abdication et si elle tarde
à venir, il proposera la déchéance

- Fouché devient président temporaire du nouveau
directoire, il dispose enfin de la puissance absolue
et négocie avec les alliés dont Louis XVIII
pour lui céder le gouvernement, il y met toutefois
une condition, il veut devenir ministre dans la monarchie
- tout d'abord Louis XVIII refuse de prendre à ses côtés
un régicide qui a voté la mort de son frère Louis XVI,
toutefois Talleyrand parle en faveur de Fouché
(le vice appuyé sur le crime dira Chateaubriand)
et Louis XVIII nomme Fouché ministre de la police,
toutefois le destin tourne et bientôt Fouché portera
le signe des galères, la marque de fer rouge


9/ chute et fin 1815-1820
- le 18.7.1815 la France redevient un royaume,
pour Fouché, ce sera son dernier tour acrobatique
et l'heure est aux punitions pour les anciens
partenaires de Napoleon et cette basse besogne
sera confiée à Fouché nommé ministre de la police
qui devra à nouveau arrêter et en partie
exécuter ses anciens amis

- toutefois, la gloire de Fouché ne dure pas,
ses méfaits du passé reviennent à la surface
(régicide, Lyon, etc) et sont utilisés par l'entourage
du roi pour discréditer Fouché, ils cherchent
à le destituer et ce sera un spectre du passé:
la duchesse d'Angoulême, fille de Louis XVI
qui portera à Fouché le coup final en l'accusant,
comme témoin qui a assisté personnellement
à la terreur de la Révolution et aux actes dont
Fouché a été grandement responsable sur ses parents,
son frère et plusieurs autres personnes de son entourage

- Talleyrand annoncera alors à sa façon tout en finesse
la disgrâce de Fouché qui sera relégué à un petit emploi
subalterne, puis Fouché lâché par ses amis et
ses anciens alliés étrangers sera condamné
au bannissement, d'abord à Prague puis à Trieste
où il meurt oublilé le 26.12.1820,
six mois avant Napoleon à Ste-Hélène


>> un récit biographique bien écrit avec le style
de Stefan Zweig montrant les malfaisances et vissicitudes
de Fouché, mais aussi certaines qualités de cet homme


nomenclature
- extatique = en état d'extase, d'admiration
- sectateur = adepte, partisan

annexes
- couverture du livre
- deux portraits de Fouché
- portrait de Robespierre
- portrait de Bonaparte, général
- portrait de Napoleon, empereur
- portrait de Talleyrand
- portrait de Louis XVIII



Information
- les Oratoriens ou l'Oratoire de Saint Philippe Néri
= société de vie apostolique catholique fondée
à Rome par saint Philippe Néri au XVIe siècle,
dans le but de travailler à la sanctification de ses membres
et à celle de son prochain par la prédication et l'enseignement
- les Rosati = société littéraire d'Arras fondée le 12.6.1778,
cercle idéaliste réunissant les beaux esprits de la ville
- Cincinnatus Lucius Quinctius (519-430 BC) était
un général et homme politique romain, il fut consul
et dictateur à deux reprises en 458 et en 439,
il est considéré par les romains, notamment les patriciens,
comme un des héros du premier siècle de la République
et comme un modèle de vertu et d'humilité




couvertures:
Copyright 2008 - 2024 G. Rudolf