d'Esme, dieux rouges (les)

série: Romans classiques
éditeur: Renaissance
auteur: D'Esme Jean
classement: biblio3F
année: 1923
format: broché
état: TBE
valeur: 8 €
critère: **
remarques: les dieux rouges

c'est à la fois un grand roman d'aventures et de science-fiction,
dans la pénombre d'une fumerie d'opium
dans le quartier chinois de Cholon, proche de Saïgon,
Pierre de Lursac raconte sa formidable aventure avant de se tirer
une balle dans la tête, délire d'un esprit torturé, saturé de fumée bleue?
et pourtant, le ton, les détails et les personnages sonnent si vrai
et puis cette fin tragique et cette main, ce cadeau macabre
que Lursac laisse comme une preuve à la fin de son récit

- roman sur l'Indochine de 1920, début à Saïgon sous l'occupation française,
Pierre de Lursac, un jeune administrateur, est envoyé au poste 32 dans
le Haut-Tonkin (Laos) au pied du mont Pou-Khas où vit le peuple des Mois
n.b. le mont Pou-Khas est un mont imaginaire
mais les laotiens sont aussi appelés les khas
- navigation dans la forêt noyée
- Wanda, la soeur du lieutenant Redeska, disparu du poste 32
accompagne Pierre de Lursac pour retrouver son frère

- les réunions de la Bo-Jaou, la sorcière
où les mâles n'ont pas le droit de pénétrer
dans le pays mort, réservé aux femmes

- rencontre avec le père religieux Ravennes
qui est féru de préhistoire et qui dirige une mission près du poste 32
(antéhistorique = antérieur à l'écrit)
- un photophore = élément de décoration en verre dont la forme creuse
permet d'accueillir un objet d'éclairage comme une bougie ou une lanterne
- la plus belle pièce du père Ravennes:
un crâne humain du quaternaire (40'000 ans BC)

>> p. 92 la différence entre un crâne humain et un crâne simiesque
(simiesque = qui tient du singe)
>> p. 175 première mention des dieux rouges

- à la recherche de Wanda, disparue à la recherche de son frère,
les deux hommes (Lursac et Ravennes) arrivent dans une zone
de flore étonnante, inconnue et inattendue
avec des genres d'arbres datant d'un monde préhistorique,
c'était un monde perdu préservé du monde présent
par une double faille terrestre
n.b. ressemblance avec le monde perdu de Conan Doyle écrit en 1912

>> p. 254 des mammouths, des aurochs et des chasseurs préhistoriques,
l'ancêtre du Cro-Magnon, à la chevelure rouge,
le mongoloïde primitif, l'aïeul millénaire de la race humaine
qui vivaient dans ce monde perdu et qui adoraient
les dieux rouges des sorcières dans le temple de Pou-Khas
>>p. 256 la théorie de la race rouge
n.b. Adam veut dire d'ailleurs homme rouge (?)

- Ravennes comprend que ce monde perdu correspond
au continent de Gondwana avec sa flore, faune
et hordes préhistoriques disparues

- Ravennes et Lursac arriveront finalement au temple des dieux rouges
encore plus magnifique que celui d'Angkor-Vat
>> p. 277 prisonniers des sorcières et de leurs guerriers,
condamnés maintenant au supplice de la mort lente
>> p. 302 l'histoire et l'origine de la sorcière Jieng

- Wanda prisonnière des sorcières demandera l'aide
du chef des hommes rouges en se donnant librement à lui
- p. 318 Mâa-Wang, l'homme-qui-va-devant,
celui qui porte la massue, celui qu'on suit

- faisant sacrifice de sa vie, Wanda assiste à la lutte
entre les hommes rouges et la secte des dieux rouges
permettant ainsi à ses deux compagnons venus la délivrer
de prendre la fuite et de regagner le monde civilisé,
mais ce fut aussi la fin des hommes rouges et du monde perdu

>>> un bon récit d'aventure qui commence bien
et se prolonge avec un intérêt accru,
mais dont la fin se perd dans la nuit des temps
et manque de panache

nomenclature
- serpent mythique d'origine indienne (le cobra),
génie des eaux et divinité du sol pour les Khmers anciens,
le Naga est une figure fondamentale des croyances anciennes du pays:
un brahmane indien, Kaundinya aurait épousé Somâ, fille du roi des Naga,
en guise de dot, son beau père, le roi des Naga,
lui aurait créé un royaume en buvant toute l'eau qui recouvrait le Cambodge
- le sanskrit est une langue indo-européenne de la famille indo-aryenne,
autrefois parlée dans le sous-continent indien
- langouti = pièce de toile dont les indiens se ceignaient jadis les reins,
le remontant entre les jambes pour le nouer par devant à la ceinture

Information
- le Gondwana est un supercontinent formé tout à la fin
du néoprotérozoïque (600 millions d'années BC)
et qui a commencé à se fracturer au Jurassique (160 millions d'années BC),
on distingue le Gondwana du Paléozoïque (appelé aussi Protogondwana)
et celui du Mésozoïque; entre les deux, le Gondwana
a fait partie du supercontinent Pangée
- il a été nommé par Eduard Suess d'après le nom
d'une région de l'Inde du nord, Gondwâna
(du sanskrit gondavana, forêt des Gonds),
où ont été décrites les séquences sédimentaires
du Permien-Trias de cet ancien continent,
Eduard Suess orthographie originellement ce terme Gondwána-Land
dans son livre le visage de la terre (das Antlitz der Erde),
édité entre 1883 et 1901

- fils d'un fonctionnaire des douanes d'Indochine,
originaire de la Réunion, Henri d'Esmenard fait ses études à Paris
et entre en 1914 à la section indochinoise de l'École coloniale,
il s’oriente vers le journalisme et les voyages
et prend le pseudonyme de Jean d'Esme,
il travaille à la rédaction ou à la direction des journaux:
je sais tout, le Matin et l'Intransigeant,
en 1936, il tourne un film dans la région orientale du Niger:
la grande caravane, sur le voyage d’une caravane
vers les mines de sel de Bilma,
il écrit une série d’articles pour L'Écho de Paris
sur ses impressions en Éthiopie.
il devient un spécialiste du roman colonial dont le plus connu
et le plus original est les dieux rouges

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