Impérialisme romain (les étapes de l')

série: Histoire (Rome)
éditeur: Hachette EO 1961
auteur: Carcopino Jerôme
classement: biblio2
année: 1961
format: broché
état: TBE
valeur: 10 €
critère: **
remarques: introduction par J. Carcopino

le premier impérialisme fut institué par Athènes avec Périclès,
les autres dont celui d'Alexandre furent trop brefs
pour être considérés comme impérialisme, mais le vrai impérialisme fut celui de rome:
l'empire romain (impérialisme =
domination universelle sur des états subordonnés à l'empire central)
qui commença en 300 BC après la défaite de Carthage (seule grande rivale de Rome)

après quoi les conquêtes se succèdent et en 150 BC il n'y aura pratiquement plus d'état
capable de rivaliser avec Rome et dès lors,
le peuple romain ne payera plus d'impôts grâce aux indemnités reçues des pays vaincus,
assujettis en provinces romaines ou protectorats;
par la suite Rome accrut par les armes sa richesse et ses jouissances
(conquête à outrance)
>> dernière en date: la Dacie avec ses mines d'or

ce fut Jules César qui mit en place les bases de l'impérialisme romain
et ce sera Auguste qui le renforça et l'organisa avec la Pax Romana

1/ avant l'impérialisme romain:
l'agression punique en violation du traité de l'Ebre

la guerre commença avec l'agression d'Hannibal sur Sagonte,
soi-disant alliée de Rome et en brisant par ce fait le traité conclu avec Rome

n.b. ce point est toutefois disputé entre historiens,
les documents anciens (dont ceux de Polybe, un romain) impute la faute à Hannibal,
Rome lance alors à Carthage qui a violé le traité d'Hasdrubal (ou d'Hamilcar)
conclu avec Rome, un ultimatum:
- soit retirer ses troupes et punir Hannibal
- soit entrer en guerre
les romains redoutent toutefois d'entrer en guerre sur un second front
(ils sont déjà engagés dans les guerres d'Illyrie)
et n'entreprennent tout d'abord aucune action ni pour secourir Sagonte
dont le siège dura 9 mois, ni pour une offensive contre Carthage,
mais Hannibal accusa Rome de s'être ingérée dans les affaires de Sagonte,
ce qui n'était pas conforme au traité de l'Ebre,
qui aurait été peut'être situé alors au nord de Sagonte
et que lors de son agression sur Sagonte,
celle-ci n'avait pas encore conclu un traité d'alliance avec Rome;
il s'en suivit une confusion entre l'Ebre (180 km au nord de Sagonte = Grand Ebre)
et l'Ebre (60 km au sud de Sagonte) = Hiberus;
le traité avait été proposé par les romains,
inquiets de la menace des gaulois dans le nord qui auraient pu s'allier avec Carthage

n.b. la distance parcourue en un jour par un navire antique était d'environ 130 km

mais après une étude approfondie,
Carcopino émet l'affirmation que le traité fait avec Hasdrubal
concernait bien l'Ebre au sud de Sagonte et donc il s'avère que c'était bien Hannibal
qui avait rompu le traité en traversant l'Ebre pour attaquer Sagonte,
par là Hannibal voulait forcer les évènements et la fortune

2/ les débuts de l'impérialisme romain

conquête de l'Orient grec et diffusion de l'hellénisme sous la domination de Rome;
de 273 à 230 BC de vagues traités d'amitié sont conclus
entre certaines cités grecques et les romains,
puis ce seront les guerres d'Illyrie qui vont conduire à la guerre
contre la Macédoine de Philippe V (200 BC);
jusqu'alors il y avait eu aussi des traités d'amitié avec Rhodes,
avec l'Egypte des Ptolémée
(qui détenait le plus riche marché de céréales du monde),
avec Seleucos de Syrie et avec Attale de Pergame
>> p. 75 la guerre d'Illyrie avait été imposée à Rome
par suite de la piraterie illyrienne dans l'Adriatique
mais ce n'était pas une guerre de conquête par Rome,
occupée alors par la guerre punique;
après la victoire de Rome sur la reine Teuta d'Illyrie,
les romains prennent sous leur protection de nombreuses îles et cités grecques
et concluent des traités d'alliance avec Corinthe et Athènes

2ème guerre d'Illyrie causée par l'alliance d'Hannibal
avec les illyriens et la Macédoine,
cette guerre est faite pour assurer la sécurité de Rome

1ère guerre contre la Macédoine
qui annexe des provinces grecques au sud de la Macédoine;
en 214 BC, la flotte romaine repousse les ambitions maritimes
de Philippe V de Macédoine, les romains signent des pactes d'alliance
avec les Etoliens, Sparte et les Messeniens
ainsi qu'un pacte d'assistance avec Attale de Pergame,
mais Rome engagée encore contre Carthage
ne pousse pas son avantage contre la Macédoine (paix de Phoenicè);
la trêve est rompue en 205 BC
suite à l'alliance de Philippe V avec Antiochus le Grand;
la menace de la flotte phénicienne d'Antiochus sur la Grèce
déclanche la 2ème guerre contre la Macédoine;
en 202 BC, après la défaite de Carthage, Flamininus sort vainqueur de la Macédoine
à la bataille de Cynocéphales (197 BC), dès lors la Grèce était soumise
et les énergies romaines purent se diriger vers l'Orient

3/ un retour à l'impérialisme de conquête: l'or des Daces

les finances romaines sous Titus sont déjà compromises et sous Domitien en 83 AC,
la situation se détériore malgré les exécutions
pour hériter ou confisquer les biens de riches citoyens romains

ce sera Trajan vers 100 AC qui rétablira la situation;
1ère époque du règne de Trajan: mettre au point un programme d'économie
tout en restant un grand bâtisseur, par la suite il deviendra moins économe
grâce à la richesse dace (porte et colonne Trajan, réfection des routes,
agrandissement des ports, dessèchement des marais pontins, etc)
et aussi par la création de deux nouvelles légions: la Ulpia et la Traiana
avec de nombreuses troupes auxiliaires

de 113 à 116 AC, Trajan prépare la guerre dacique et parthique
que César n'avait pu entreprendre,
Trajan portera à son comble la puissance d'expansion
des armes et de la civilisation romaine,
ce qui lui permettra de suspendre la perception de l'impôt chez les romains
>> p. 112/113 les trésors de Dacie: surtout dûs aux mines d'or et d'argent
ainsi qu'aux trésors accumulés par les rois de Dacie = env. 1 million de kg d'or
et le double en argent = env. 5 milliards de francs-or!,
chiffre peut'être exagéré mais quand même pour l'époque considérable selon
>> p. 114 Criton, médecin de Trajan

ce fut après les expéditions fructueuses de Lucullus et de Pompée en Orient,
la dernière flambée de l'impérialisme romain conquérant

reléguer = exiler, mettre à l'écart (relégation = exil)

4/ - la royauté de César et l'empire universel

la question de la royauté de César qui était déjà dictateur
et n'avait pas besoin de plus d'autorité,
mais peut'être voulait-il fonder une monarchie,
probablement inspirée par Cléopâtre (royauté de droit divin)
ce que Auguste ne voulut jamais devenir

à la naissance de César (100 BC), la république
était entrée en décomposition (corruption, etc),
il y avait la guerre civile et des coups d'états avec complots et autres troubles,
il fallait maintenant à Rome un chef décidé et César l'avait compris
>> p. 123 Sulla déjà avait jugé les compétences de César, neveu de Marius,
gendre de Cinna et même petit-gendre de Sulla en mariant Pompeia,
César se proclamait en outre descendant de roi avec Marcius Rex
et des dieux de par les Jules (Vénus, Enée et Iule)

les empereurs romains se confondaient d'ailleurs souvent avec le dieu Jupiter
et César de plus adorait Fortuna, la déesse de la chance!
en plus du titre de dictateur, César détenait aussi
le titre de Pontifex Maximus, chef de la religion,
la royauté selon Carcopino n'aurait pas été le pire,
car ce fut été une unité de direction avec l'appui des prêtres et des patres,
en outre la royauté pour César était encore le meilleur moyen de rallier à sa cause
les peuples d'Orient (surtout la Perse et l'Egypte)
et les romains croyaient vraiment que César était le favori des dieux
de par ses victoires, notamment à Alesia,
résultat d'efforts qui dépassaient les bornes humaines
et donc avaient requis la collaboration des dieux
>> p. 144 la statue élevée par les romains à César, demi-dieu
et le mois de sa naissance Quintilis sera célébré et deviendra Iulius (juillet),
le sénat accorde à César en 44 BC la divinité en lui permettant de porter
perpétuellement le titre de Caesar Imperator (autocrator chez les grecs),
il reçoit ainsi un droit héréditaire qui lui donne pleine autorité sur l'armée,
les prêtres, les magistrats et le sénat

César nomme Lépide (et non Antoine) comme son magister equitum
et Octave comme héritier en le déléguant en Asie Mineure
pour le charger des préparatifs de la guerre parthique prévue avec 16 légions,
il nomme aussi Octave vice-dictateur au cas où il devait arriver malheur à César

César bat monnaie à son effigie (tête laurée),
on lui décrète aussi le titre de père de la patrie (parens patriae),
ce qui le faisait pratiquement premier des rois et fondateur de la cité
>> p. 157/158 l'épisode des Lupercales où Antoine offre à César
le diadème = emblème royal ce qui lui aurait assuré son entreprise de politique extérieure
>> p. 161 le rôle des femmes dans l'ascension de César
(Cléopâtre concurrencée par Eunoè)
>> p. 162 la paternité de César pour Césarion
qui ne serait venu au monde qu'après la mort de César
et Carcopino ne croit pas que Césarion ait été le fils de César
qui ne l'a pas nommé comme héritier mais avait au contraire confirmé
la vassalité de l'Egypte à Rome
(ce qui n'aurait peut'être pas été le cas si Césarion avait été son fils)
>> p. 168 l'autorisation de polygamie à César
pour pouvoir garder Calpurna comme épouse
et César lors de sa campagne contre les parthes
aurait porté le titre de roi des rois partout ailleurs qu'en Italie;
les romains considéraient d'ailleurs cette campagne contre les parthes comme une calamité

Auguste lors de son règne ne s'est considéré que comme sacré (augustus)
et non comme divin (divus), toutefois il s'accorda le titre de princeps (premier),
Auguste ne voulut pas de guerre contre les parthes
et préféra conclure avec eux un traité de paix,
par contre il réduisit l'Egypte en province romaine
mais comme propriété personnelle de l'empereur

5/ la table claudienne de Lyon et l'impérialisme égalitaire

la découverte du bronze de Lyon au XVIème siècle
= 2 plaques couvertes d'écritures antiques pesant 220 kg avec comme titre "ex luguduno"
dont le texte se rapprochait des chapitres 23-25 des "Annales" de Tacite
>> p. 178/179 les tables claudiennes
sous l'empereur Claude, né à Lyon (Lugdunum),
certains magistrats gaulois purent accéder au sénat romain
dont les tables claudiennes mentionnent le discours de Claude devant le sénat,
discours dans lequel Claude plaide la cause des gaulois
(l'oratio de Claude signé par lui vers 40 AC),
ce discours fut adapté plus tard par Tacite dans ses "Annales";
certaines cités gauloises avaient toutefois auparavant déjà reçu le "uis honorum"
leur donnant la citoyenneté romaine ce qui leur permettait d'accéder au sénat
>> p. 186 l'histoire de Valerius Asiaticus
>> p. 188 les trois Gaules: Celtique, Belgique et Aquitaine
>> p. 193 les soulèvements en Gaule de Florus et Sacrovir

le droit de cité fut étendu par Rome au fur et à mesure de leurs conquêtes victorieuses;
Lugdunum (Lyon) fut une des premières cités gauloises sous influence romaine
à recevoir le "uis honorum"
>> p. 203 description de l'empereur Claude, sous sa naïveté un empereur plein de malice,
mais aussi cruel et sanguinaire, sous son règne la Bretagne fut conquise,
son père était Drusus frère de Germanicus,
Claude confirma l'impérialisme romain
en étendant à d'autres provinces la citoyenneté romaine

6/ l'impérialisme renversé: ce que Rome et l'empire romain doivent à la Gaule

base de données: histoire de la Gaule par Camille Jullian,
au VIème siècle BC, Rome n'est encore que l'Urbs, une bourgade sans grande importance,
confrontée à la civilisation étrusque, originaire de Lydie,
en 406 BC, Rome se libère du joug étrusque mais doit faire façe en 380 BC
aux invasions gauloises qui s'emparèrent même temporairement de Rome,
Rome se releva toutefois de cette défaite et soumet les latins (338 BC),
puis les gaulois sont battus à Sentinum en 283 BC,
après coup les romains doivent encore combattre Pyrrhus et Carthage,
enfin Rome fut grandement menaçée par Hannibal
qui ne sut toutefois pas exploiter ses victoires
et qui ne fut jamais totalement soutenu dans sa guerre contre Rome,
ni par ses propres compatriotes de Carthage ni par les gaulois

en 100 BC Rome domine déjà la Méditerranée
depuis les colonnes d'Hercule jusqu'en Asie Mineure
mais de 91 à 88 BC ce fut la guerre sociale ou civique
et ce ne sera qu'avec l'aide de gaulois engagés comme mercenaires
que Rome pu vaincre définitivement Mithridate du Pont
et de par leur alliance avec Rome, les gaulois ont sans doute aussi sauvé
la puissance romaine de la dissolution,

toutefois, les victoires de César, notamment sur Vercingétorix
qui avait rassemblé plusieurs tribus gauloises contre César,
furent aussi gagné grâce à l'appui de contingents gaulois
provenant principalement de la Gaule Cisalpine
mais aussi d'autres tribus gauloises
(la Gaule était alors pour son malheur trop divisée)
et César affirma l'alliance et la coopération des gaulois avec Rome,

par la suite de nombreuses victoires de César
(Rubicon, Pharsale, Thapsus et surtout lors de la guerre alexandrine),
avec ses alliés allobroges, belges et rutènes,
sont en partie dûes aux contingents gaulois intégrés dans ses armées
dont la légion gauloise "Alaudae" (alouette),
toutes les légions qui montaient la garde sur les frontières du Rhin
comportaient des contingents gaulois

durant trois générations, les gaulois furent au service de l'empire romain
en assurant surtout la défense des frontières,
en 115 AC, ils participent avec Trajan à la campagne de Mésopotamie
et continuèrent à servir jusque dans l'empire byzantin
qui louait encore la valeur de ces troupes d'élite "gallos casu, non robore vinci",
il est vrai qu'au IIIème siècle AC,
des gaulois cherchèrent à créer un empire indépendant mais ces tentatives échouèrent
et au IVème siècle AC la Gaule était fortement romanisée

et ce ne sera qu'avec l'invasion des Goths et des Vandales
que Rome succomba alors que la Gaule se maintenait encore,
les gaulois contribuèrent donc à la grandeur de l'impérialisme romain,
sans la Gaule l'empire romain aurait été de tendance grecque et orientale
= les régions les plus vastes, les plus peuplées et les plus riches
étaient en Asie et en Afrique mais grâce au contrepoids de la Gaule et de l'Espagne,
Rome est restée le centre gravitaire de l'empire,
la première province à recevoir la citoyenneté romaine fut celle de Narbonne,
toutefois la Gaule n'a pas été complètement colonisée par Rome

l'infanterie romaine avait trois armes redoutables:
le pilum, les javelots et le glaive
et le glaive fut amélioré par les gaulois
qui le perfectionnèrent en un glaive aigu à double tranchant
pouvant frapper d'estoc et de taille;
en outre dans l'agriculture, les gaulois ont beaucoup appris aux romains
qui cultivaient principalement la vigne et l'olivier,
la Gaule fut l'Egypte du Nord de par en autre de sa technique agricole
avec un type nouveau de charrue, d'une moissonneuse (valus)
et des méthodes de fertilisation des sols,
il y eut aussi la charcuterie gauloise,
la bière = cervesa qui était la boisson des classes modestes,
le citoyen romain lui préférant le vin,
par ailleurs la fabrication gauloise des vêtements était très estimée à Rome
avec les caracallae (tuniques), gallicae (chaussures)
et bracae (culottes longues, ancêtres des pantalons),

en outre, les gaulois sous influence romaine ont laissé aussi de grandes constructions
telle la maison carrée de Nîmes, on appellera ce genre l'art gallo-romain

la religion gauloise n'avait aussi rien à envier à la religion romaine,
elle possédait aussi de nombreux dieux d'importance semblables aux romains,
mais surtout la femme gauloise avait un statut plus important que la femme romaine,
la Gaule pratiquait aussi le culte des Matronae

métempsycose = réincarnation de l'âme après la mort
extispiscine = technique divinatoire à travers l'examen des viscères
afin d'y découvrir des messages prémonitoires

7/ empire romain et Europe
le peuple romain et ses sujets auront bénéficié de la "pax romana",
mais l'empire n'englobait pas toute l'Europe,
l'empire s'arrêtait à l'Elbe et au sud des Carpathes,
par contre l'empire règnait en Asie Mineure, Proche Orient et Afrique du Nord
et c'est grâce à la pax romana que les échanges commerciaux
ainsi que la chrétienté purent se développer;
en plus de son génie militaire et de son administration,
les romains furent aussi de grands constructeurs
>> p. 262 le secret de l'impérialisme romain qui a grandi
parce que ses armées étaient contenues de par la modération
malgré quelques brutales répressions
et de nombreux territoires annexés furent englobés avec la citoyenneté romaine,
la décadence militaire de Rome se ramène à deux causes:
- la multiplication soudaine d'ennemis
dont l'armement équivalait maintenant à celle de Rome
- la spécialisation professionnelle d'une armée de métier
dont la flamme civique s'était éteinte
et le manque de patriotisme de Rome fut impuissant à contenir la marche des barbares

>> un livre pas toujours facile à la lecture et qui se perd dans les détails,
mais avec des commentaires et des précisions tout à fait intéressants et méconnus,
surtout aussi une louange de la Gaule et des gaulois
couvertures:
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