Fatherland

série: 2ème guerre mondiale
éditeur: Pocket Presse
auteur: Harris Robert
classement: biblio2C
année: 1992
format: poche
état: TBE
valeur: 5 €
critère: *
remarques: avril 1964, l'Allemagne nazie a gagné la guerre en 1944,
la paix nazie règne sur l'Europe, seule l'Amérique n'est pas soumise

introduction
les cent millions d'allemands devaient être installés par la force
en Europe; maîtres arrogants et orgueilleux, assurés
dans leur puissance et leur pouvoir par le monopole du savoir technique,
par la mise au travail forcé de populations autochtones
en voie d'extinction, de crétinisés laissés pour compte,
d'une sous-humanité valétudinaire (maladive), illettrée;
en telle sorte que les maîtres puissent à loisir faire vrombir
leurs moteurs à longueur d'autobahnen, admirer le palais
de la force par la joie, le siège du parti, le musée des armées
et le planétarium élevé par leur führer à Linz (sa nouvelle Hitleropolis),
se presser dans les galeries de l'art allemand,
écouter, le nez dans leurs gâteaux à la crème,
les sempiternelles resucées (répétées) de la Veuve Joyeuse,
voilà ce que devait être le millénium allemande
dont même l'imagination n'aurait plus les moyens de s'échapper

n.b. die lustige Witwe est une opérette autrichienne
en trois actes de Franz Lehár créée en 1905;
(résumé voir information)


- à côté de l'empire allemand, il y avait les nations soumises
(y compris l'Angleterre) de la communauté européenne,
mais la guerre continuait encore au delà de l'Oural,
avec les partisans russes soutenus par l'Amérique

- début avec l'inspecteur Sturmbannführer March qui enquête sur un meurtre
(correspondant au grade de commandant dans la Wehrmacht)
- hiérarchie de la police allemande:
a) l'Orpo = police ordinaire (Ordnungspolizei)
b) la Sipo = Gestapo et SD (Sicherheitspolizei)
c) la Kripo = Kriminalpolizei

>> p. 34 l'arc de triomphe de Berlin (120 m de haut)
qui pouvait contenir 50 arcs de triomphe de Paris
et au bout de l'avenue de la victoire se dressait
le grand dôme du Reich (250 m de haut, 16x St-Pierre de Rome)
pouvant contenir 180'000 personnes

- mais le terrorisme donnait toujours du fil à retordre au grand Reich
- découverte par March du cadavre d'un haut dignitaire nazi
>> p. 84 l'amputation du pied = pied artificiel
>> p. 97 la veuve joyeuse, opérette favorie du Führer

- paix avec l'Angleterre en 1944, bataille de l'Atlantique gagnée par le Reich,
Churchill vivait encore mais avait filé au Canada
(avec la reine Elisabeth), paix avec l'Amérique en 1946,
mais le Japon avait perdu la guerre contre l'Amérique,
Kennedy allait maintenant rendre visite à Hitler
en septembre 1964 pour conclure une alliance

>> p. 174 les survivants de la résistance rose blanche
existaient encore (surtout des étudiants)
>> p. 204/205 la Suisse est alors une île neutre en Europe,
un minuscule pôle de lumière au coeur
d'une immensité obscure
>> p. 208 les trois cadeaux typiquement allemands:
bonnes saucisses, bons moteurs et bonne bière
>> p. 211 les aéroports de Berlin
>> p. 221 les jambes vigoureusement écartées de la violoncelliste
comme si elle devait traire une vache

>> p. 221 composition de l'empire allemand:
- le Luxembourg = Moselland, l'Alsace-Lorraine = Westmark,
l'Autriche = Ostmark, Tchécoslovaquie = protectorat de Bohème et de Moravie,
la Pologne, les états baltes et une partie de la Russie
étaient rayés de la carte formant quatre Reichskommissariats:
Ostland, Ukraine, Caucase et Moscovie
- 18 nations étaient liées à l'Allemagne par le traité de Rome:
Portugal, Espagne, France, Grande-Bretagne, Irlande, Belgique,
Pays-Bas, Italie et les états scandinaves et balkaniques

>> p. 232 petite description de la situation militaire à l'est
>> p. 242 les moeurs bancaires de la Confédération suisse

n.b. commission rogatoire = acte juridique par lequel un juge
charge un autre juge ou une autorité de police, d'instruire
et de rechercher des preuves dans une affaire déterminée

>> p. 255 Heydrich avait pris la place de Himmler,
mort dans un accident d'avion, alors que Heydrich
s'était remis des suites de l'attentat de Prague

- l'inspecteur March se rend compte que l'affaire
sur laquelle il enquête implique plusieurs hauts dignitaires nazis

>> p. 265 les textes sacrés du national-socialisme:
Mein Kampf, le Mythus des XX. Jahrhunderts par Rosenberg,
die Tagebücher de Goebbels
>> p. 267 le style pseudo-teuton
>> p. 272 les photocopieuses dont la distribution
était strictement contrôlée pour empêcher les subversifs
de répandre de la littérature interdite

>> p. 279 la question juive invoquée dans la réunion du 9.12.1941
(la solution finale, Endlösung)
- des 14 participants à cette réunion, treize étaient morts
(dont Adolf Eichmann), seul restait Martin Luther
recherché maintenant par toutes les polices nazies,
ceci pour empêcher la publication d'une preuve documentée
ce ce qui était arrivé aux juifs et qui pourrait faire
chambouler les négotiations sur une alliance entre l'Amérique et le Reich

>> p. 307 l'image de l'Amérique par un nazi

- et soudain Luther se fait abattre, c'était la quatorzième et dernière victime
>> p. 321 les prières pour le Führer:
extraits: Führer, tu es le don du seigneur, je te remercie
pour mon pain quotidien, tu es ma foi et ma lumière
>> p. 341 le club de golf à Boston où aucun juif
n'avait été admis depuis cinquante ans

>> p. 351 l'organisataion pour la solution finale
(les secrets du Reich lors de la réunion du 9.12.1941),
la description des camps de concentration allemands
(dont celui d'Auschwitz),
c'était le plus grand crime organisé de l'histoire

>> p. 415 fin de l'enquête pour l'inspecteur March:
l'américain était le bon, et Jaeger, le meilleur ami de March,
avait été le méchant

>> un roman d'affaire criminelle avec comme toile de fond
la deuxième guerre mondiale (tout comme le roman enigma),
malgré les critiques plutôt favorables sur les oeuvres de Harris,
ce récit est à nouveau pas des plus passionnant
malgré les références sur une Allemagne nazie des années soixante,
à noter toutefois que bon nombre de personnages
dont les noms apparaissent dans ce roman ont réellement existé,
les détails biographiques sont exacts jusqu'en 1942,
leur sort après cette date a bien entendu été différent;

personnages principaux mentionnés:
- Josef Bühler, secrétaire d'état exécuté en 1948
- Wilhelm Stuckart, exécuté en 1953 par un commando
pourchassant les criminels de guerre nazis
- Martin Luther tenta d'évincer le ministre des affaires étrangères,
Joachim von Ribbentrop dans des intrigues pour le pouvoir en 1943
- Odilo Globocnik, se suicida en 1945
- Reinhard Heydrich fut bien assassiné en 1942 et n'en réchappa pas
- Arthur Nebe, mêlé au complot contre Hitler, aurait exécuté en 1945
ainsi que d'autres participants à la conférence de Wannsee
en 1941 concernant la question juive (Endlösung)


critique
- que peut-on encore écrire sur Hitler, le nazisme,
l'holocauste et fatherland!
- c'était peut'être intéressant de s'immerger
dans une Allemagne victorieuse en 1964
avec toute l'Europe à sa solde, sauf la Suisse,
même l'Amérique et son président de 74 ans, Joseph Kennedy,
veut entretenir de bons termes avec le Reich

et c'est là que la machine s'emballe,
la découverte de deux cadavres, un SS "à la limite"
chargé puis déchargé de l'enquête,
une jeune journaliste mi-américaine mi-allemande
et finalement beaucoup de non-dits, de secrets
qui vont nous être dévoilés au fur et à mesure,
à grands renforts de mises sur écoute,
de paperasseries et même de torture.
polar bien écrit mais qui laisse sur sa faim,
autant il est apprécié de plonger dans cette ambiance "surréaliste",
autant la révélation de ces secrets n'est pas vraiment intéressante,
on pouvait s'attendre à quelque chose de plus surprenant,
de plus spectaculaire, mais finalement, tout
est assez attendu, logique, en quelque sorte
et le style du récit n'est pas non plus très recherché,
un sujet qui aurait pu être mieux exploité,
mais qui reste malgré tout assez original,
et on se rend compte aussi à quoi on aura échappé!


Information
à Paris, à l'hôtel de l'ambassade de Pontévédro (ou Marsovie),
une belle fête est organisée pour l'anniversaire du Prince régnant,
l'ambassadeur, le baron Mirko Zeta, après avoir porté un toast,
s'inquiète de sa femme, la belle Valencienne,
elle bavarde en toute innocence avec Camille de Rosillon
qui lui déclare sa flamme, mais elle résiste,
apparaît la jeune et belle veuve du banquier de la cour, Hanna Glawari,
le comte Danilo Danilowitsch, revenant de chez Maxim's,
est pressenti par raison d'état pour devenir
l'époux de la belle et riche veuve,
Danilo fait la sourde oreille car jadis, sur refus de son père,
il n'avait pu épouser Hanna, alors modeste fille du peuple,
le lendemain, la veuve offre une réception dans sa résidence,
elle se dit éprise de Camille, ce qui contrarie les plans officiels,
deux duos, l'un cavalier, l'autre d'amour, montrent
que Danilo et Hanna n'ont cessé de s'aimer malgré le temps écoulé,
lors d'une soirée chez Maxim's, après moult péripéties et intrigues,
la veuve deviendra la baronne Danilowitsch
et les biens resteront pontévédrins/marsoviens.
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